dimanche, mai 5

La pente sera raide, voire impraticable. Le Haut Conseil des finances publiques (HCFP), institution budgétaire indépendante du gouvernement et du Parlement, juge, dans un avis rendu public mercredi 17 avril, que la trajectoire élaborée par le gouvernement pour maîtriser le déficit public manque de « crédibilité » et de « cohérence ». Dans le vocable des financiers, cela sonne comme un désaveu sévère.

Dans le « programme de stabilité » présenté mercredi devant le conseil des ministres, l’exécutif dévoile ses prévisions de croissance et la trajectoire financière qu’il se fixe pour les prochaines années. Par ce document, qui sera prochainement transmis à la Commission européenne, la France s’engage à faire repasser le déficit public sous la barre des 3 % de produit intérieur brut (PIB) en 2027.

Or, le « programme » atteste également de la dégradation des finances du pays. Après avoir dû acter, le 26 mars, un déficit très supérieur aux attentes en 2023 (5,5 %, contre 4,9 % annoncés), déclencher 10 milliards d’euros d’économies en 2024 et en annoncer « au moins 20 milliards » en 2025, le gouvernement a corrigé l’état des lieux dans le programme de stabilité : le déficit est prévu à 5,1 % du PIB pour l’année en cours, contre 4,4 % envisagés jusqu’à présent. Dix milliards d’euros d’économies supplémentaires ont été décidés.

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Même si Bercy affirme que le plan est « ambitieux mais crédible », les marches de l’escalier sont hautes : 5,1 % en 2024, 4,1 % en 2025, 3,6 % en 2026 puis 2,9 % en 2027. Or, compte tenu de la détérioration des finances publiques, notent les experts du HCFP dans leur avis, le retour du déficit sous trois points de PIB dans trois ans « supposerait un ajustement structurel massif entre 2023 et 2027 (2,2 points de PIB sur quatre ans) » qui « s’appuierait essentiellement sur un effort d’économie en dépenses ».

Endettement record

« Le Haut Conseil considère que cette prévision manque de crédibilité », lit-on dans l’avis. Car, la « documentation » d’un tel resserrement budgétaire, qui « n’a jamais été réalisé par le passé », « reste à ce stade lacunaire ». Et sa réalisation « suppose la mise en place d’une gouvernance rigoureuse, associant l’ensemble des acteurs concernés (l’Etat, les collectivités locales et la Sécurité sociale), qui n’est pas réunie aujourd’hui ».

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La prévision « manque également de cohérence », car l’effort annoncé « pèsera nécessairement, au moins à court terme, sur l’activité économique », poursuit le Haut Conseil. Les prévisions de croissance « élevées » du gouvernement apparaissent donc « peu cohérentes avec l’ampleur de cet ajustement », juge-t-il. Pour 2024, le gouvernement table encore sur 1 % de croissance, quand la plupart des organisations économiques internationales n’envisagent qu’une progression de 0,4 % à 0,9 % seulement pour le pays.

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