lundi, mai 6

Cet ancien volcan, endormi mais peut-être encore actif, a été repéré grâce à des données provenant de plusieurs orbiteurs martiens.
Noctis, c’est son nom, est le septième plus grand volcan connu sur la surface de la planète rouge.

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Un gigantesque volcan, plus grand que le mont Everest, vient d’être découvert sur Mars. Le géant endormi, qui culmine à 9022 mètres et dont la base s’étend sur 250 kilomètres, se trouve dans la région martienne de Noctis Labyrinthus (« Labyrinthe de la nuit », en français). Il a été repéré par une équipe de chercheurs dirigée par Pascal Lee, un planétologue reconnu internationalement, qui travaille à l’Institut SETI. Jusque-là, tout le monde était passé à côté du volcan Noctis, en dépit de sa taille monumentale.

Vue aérienne de la région martienne Noctis Labyrinthus – NASA

Et pour une bonne raison : il était bien camouflé. En effet, le volcan est tellement érodé qu’il n’a pas l’air d’en être un au premier coup d’œil. Mais c’était sans compter la perspicacité des chercheurs. « Cette région de Mars est connue pour sa grande variété de minéraux hydratés couvrant une longue période de l’histoire martienne. On soupçonne depuis longtemps l’existence d’un environnement volcanique pour ces minéraux. Il n’est donc pas surprenant de trouver un volcan ici« , explique Sourabh Shubham, géologue planétaire à l’université du Maryland et co-auteur de ces travaux, dans un communiqué.

Le volcan a été découvert grâce à des données provenant de plusieurs orbiteurs martiens, notamment Viking et Mars Reconnaissance Orbiter de la Nasa, ainsi que l’orbiteur Mars Express de l’Agence spatiale européenne (Esa).

ASA Mars Global Surveyor (MGS) Mars Orbiter Laser Altimeter (MOLA) digital elevation model. Geologic interpretation & annotations by Pascal Lee and Sourabh Shubham 2024

En dépit de ses mensurations XXL, Noctis Mons (de son nom scientifique) n’est pas le plus grand volcan martien. C’est même seulement le septième. Sur Terre, il ferait pourtant passer le mont Everest –le volcan le plus élevé de notre planète, avec 6893 mètres – pour une petite colline. Bien qu’il tombe en ruine, sa structure géologique conserve plusieurs indices de son passé explosif. En l’auscultant, les scientifiques ont identifié, en son centre, les vestiges d’un cratère effondré qui abritait autrefois un lac de lave. Ils ont aussi décelé des structures qui forment un arc, esquissant la forme conique du volcan. 

SETIS INSTITUTE

La taille du volcan et la complexité du terrain qui l’entoure suggèrent qu’il a été actif pendant très longtemps. L’équipe a pu également caractériser une zone de dépôts volcaniques de quelque 5000 kilomètres carrés autour de lui, qui témoigne de son activité intense par le passé. Au bas d’un des flancs du volcan, l’équipe a aussi découvert une vaste région remplie de monticules. Ils pensent que ces cônes ont pu être formés lorsqu’une couche de lave a recouvert une surface riche en eau ou en glace, ce qui correspond à la présence de dépôts glaciaires. 

C’est une combinaison d’éléments qui rend le site du volcan Noctis exceptionnellement excitant.

Pascal Lee, planétologue au SETI

Or, des analyses antérieures de la région ont montré la présence de minéraux qui se sont probablement formés à partir d’une réaction chimique entre la roche volcanique en fusion et la glace des glaciers. Les cônes sans racines présentent des signatures similaires. Cela suggère qu’il pourrait encore y avoir de la glace glaciaire enfouie sous la région martienne Noctis Labyrinthus, protégée de la sublimation par une couverture de roches volcaniques. Selon le planétologue Pascal Lee, auteur principal de l’étude, il est possible que le volcan Noctis soit encore actif, même s’il est endormi.

Dit autrement, il pourrait y avoir de la chaleur juste sous la surface. « Dans un certain sens, ce grand volcan est une ‘arme à feu’ recherchée depuis longtemps« , déclare le scientifique, dans le communiqué. La chaleur et l’eau provenant d’un reste de glace glaciaire pourraient signifier que les conditions nécessaires à l’émergence de la vie existent sous Noctis Labyrinthus, avance le scientifique. « C’est une combinaison d’éléments qui rend le site du volcan Noctis exceptionnellement excitant« , souligne le scientifique. Mais pour le savoir, il faudra aller enquêter directement sur place. 


Matthieu DELACHARLERY

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