dimanche, avril 28
Mission de l’Unesco, en septembre 2023, pour l’évaluation et la numérisation 3D des dommages dans la cathédrale de la Transfiguration, endommagée en juillet 2023, à Odessa (Ukraine).

Deux ans après le choc d’une invasion militaire russe aux portes de l’Europe, l’Ukraine se bat aussi pour ne pas se faire oublier. Les morts se comptent par centaines de milliers, la liste des dégâts patrimoniaux s’est allongée. En avril 2023, un rapport de l’Unesco recensait 248 monuments endommagés, dont une majorité de sites religieux, et chiffrait les pertes en matière culturelle autour de 2,4 milliards d’euros. Un an plus tard, une centaine de sites patrimoniaux accidentés supplémentaires ont été identifiés, portant le nombre à 341, tandis que les dégâts sont désormais évalués à 3,3 milliards d’euros. « Tout n’est pas chiffré ou chiffrable », ajoute Chiara Dezzi Bardeschi, qui dirige le bureau de l’agence onusienne à Kiev.

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Pour le sauvetage du patrimoine culturel, l’Ukraine est devenue un terrain d’expérimentation en temps réel. « Pour la première fois, on intervient pendant une guerre active plutôt qu’après le conflit », souligne Krista Pikkat, directrice culture et situation d’urgence de l’Unesco. En 2022, l’agence onusienne avait ainsi restauré dans l’urgence la toiture du Musée des beaux-arts d’Odessa. Mais, après les bombardements du 5 novembre 2023, il a fallu tout recommencer. « Lors de la première intervention, les vitres historiques du bâtiment ont été sécurisées, on attendra la fin de la guerre avant de les réinstaller », précise Chiara Dezzi Bardeschi.

Afin de recenser l’ampleur des dommages, l’Unesco s’appuie sur les images satellitaires complétées, dans la mesure du possible, par une vérification visuelle. Dans l’urgence, des formations ont été conçues et dispensées : un centre spécialisé, destiné aux professionnels ukrainiens, a ainsi été mis en place à Lviv, en collaboration avec l’institut Getty, à Los Angeles, et l’institution Smithsonian, à Washington. Mille six cents agents y ont été formés, sans toujours atteindre l’objectif visé. Le trafic illicite prospère, notamment de monnaie ancienne. « On ne sait pas quels types d’objets ont été volés. Dans la plupart des musées, les inventaires sont partiels, parfois non digitalisés », admet Krista Pikkat.

« Ambulances du patrimoine »

Le patrimoine n’est pas tout. Les artistes sont aussi dans le besoin. Le cinéma est exsangue, comme les maisons d’édition. Selon l’Unesco, un budget de quelque 9 milliards de dollars (8,7 milliards d’euros), étalé sur les dix prochaines années, serait nécessaire pour reconstruire le tissu culturel, revitaliser les industries culturelles anémiées, et restaurer les sites patrimoniaux détruits.

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