samedi, mai 4

Plus d’un an et demi après sa fuite en Belgique puis son interpellation et son expulsion par Bruxelles vers le Maroc, l’imam Hassan Iquioussen, symbole du combat affiché par Gérald Darmanin contre le séparatisme islamiste, voit s’éloigner l’espoir d’un retour en France. Le tribunal administratif de Paris a rejeté, lundi 11 mars, sa demande d’annulation de l’arrêté d’expulsion de juillet 2022 signé par le ministre de l’intérieur.

Pour justifier sa décision, le tribunal administratif, qui jugeait pour la première fois cette affaire au fond, a estimé dans un communiqué que l’imam du Nord « a commis des actes répétés de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence envers les juifs, les femmes et les non-musulmans ». Ces actes justifient, selon le tribunal, « son expulsion, en dépit de ses attaches familiales en France, où il réside depuis sa naissance ». Il a cinq enfants majeurs d’une femme de nationalité marocaine et résidant en France et dix-huit petits-enfants.

Le jugement, qui s’appuie beaucoup sur des « notes blanches » des services de renseignement, reconnaît que le ministère de l’intérieur s’est trompé sur plusieurs points, notamment en assurant que M. Iquioussen avait renoncé à la nationalité française à 18 ans, alors que son père avait refusé de faire les démarches nécessaires quand il avait 13 ans. Ou encore en affirmant, sans l’étayer, que l’imam marocain « aurait affiché publiquement sa sympathie avec Oussama Ben Laden et aurait remis en question la réalité des attentats terroristes revendiqués par l’organisation terroriste Daech ».

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Mais le tribunal balaye ces erreurs en regard de la gravité des propos antisémites tenus par Hassan Iquioussen en 2003 – « un peuple ingrat, qui a besoin d’être rappelé à l’ordre » –, en 2005, lorsqu’il évoque « le complot entre Hitler et les juifs d’Europe dans les années 1930, afin d’installer des juifs en Palestine », et encore en 2012 et 2014, où il est question d’un « complot juif » pour démanteler l’empire ottoman et s’approprier le pétrole arabe. « Les excuses et regrets [de M. Iquioussen] exprimés en 2022 ne peuvent être pris en compte dès lors qu’ils sont postérieurs à l’arrêté contesté », note le tribunal.

« Des propos vieux de dix à vingt ans »

Sur les femmes, « l’intéressé développe un discours systématique sur l’infériorité de la femme, qui doit être placée sous l’autorité de son époux et réduite au rôle de femme au foyer », estime le tribunal, qui réfute le caractère « simplement conservateur et communément partagé » de ces propos. Le tribunal y voit une méconnaissance systématique « du principe constitutionnel d’égalité ». Une notion déjà développée dans le jugement en référé validant l’expulsion de l’imam tunisien du Gard Mahjoub Mahjoubi, le 4 mars, et qui pourrait être opposée à des organisations catholiques intégristes dans d’éventuelles procédures de dissolution.

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