samedi, mai 18

Nous, psychiatres exerçant la psychiatrie en service public à Paris et en petite couronne, souhaitons rendre publique notre inquiétude. Nous assistons à l’étouffement d’une profession indispensable pour notre spécialité, celle des infirmiers en psychiatrie, et constatons que l’hôpital psychiatrique en est la première victime.

Cet hôpital tant sollicité n’est à l’évidence pas une priorité pour notre administration, alors que sa solidité permettrait de retrouver une sérénité dans l’ensemble du dispositif de soins. Or, le manque de personnels compromet gravement les conditions d’accueil des patients et la continuité des soins, avec un risque majeur de dégradation de la santé mentale de la population si nous n’arrivons pas à répondre aux besoins.

L’augmentation significative des salaires des professionnels travaillant en hospitalisation, notamment des infirmiers, nous paraît indispensable pour arriver à faire face à ces enjeux. Pour accompagner, prendre en charge, accueillir toutes les personnes touchées par un trouble psychique, notre premier outil est en effet la relation, préalable à tout soin, que celui-ci se fasse à l’hôpital ou en ambulatoire.

Fuite des personnels

Cela implique que nous soyons présents, en nombre et disponibles. Ce n’est absolument pas le cas aujourd’hui : dans beaucoup de services d’hospitalisation, un nombre croissant de postes d’infirmier sont vacants ; de nombreux services ont dû fermer des lits par manque de professionnels. Cette situation dégrade les capacités d’accueil, la qualité du soin et entraîne une pénibilité du travail qui favorise la fuite des personnels.

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Il n’y a pas de signe permettant de prévoir une amélioration spontanée. Le manque d’attractivité des postes infirmiers en hospitalisation est criant : dans les conditions actuelles, ce travail est très rude, avec parfois des situations de violence. Mais, surtout, le manque de disponibilité entrave le soin relationnel et majore les tensions avec des personnes en état de crise psychique. C’est bien la possibilité de soigner qui est attaquée.

Investir pour l’hôpital psychiatrique est une nécessité absolue pour poursuivre le développement d’une offre ambulatoire de qualité, qui doit être le pilier des projets de soin. Tout soignant engagé avec un patient dans une équipe communautaire de soins à domicile, par exemple, doit pouvoir compter sur une autre équipe qui serait un recours en cas d’échec et qui aura tous les moyens humains et matériels pour accueillir un ou une patiente qu’il ne serait pas parvenu à apaiser.

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