samedi, mai 18

Comment les héritages féministes se transmettent-ils ? Comment se transforment-ils aussi ? Féministes d’hier et d’aujourd’hui se comprennent-elles ? Des questions débattues lors de la 3e édition du festival Nos futurs, organisé du 21 au 24 mars à Rennes, par quatre invitées investies au quotidien dans le féminisme.

Découvrez la synthèse des discussions enregistrées en présence de :

Léane Alestra, journaliste à Manifesto XXI, rédactrice en chef du média indépendant féministe Mécréantes. Autrice de Les hommes hétéros le sont-ils vraiment ? (JC Lattès, 2023).

Elvire Duvelle-Charles, journaliste, fondatrice du compte Instagram « Clit Revolution » et du ciné-club féministe Tonnerre, autrice notamment de Féminisme et réseaux sociaux (Hors d’atteinte, 2022).

Geneviève Fraisse, philosophe de la pensée féministe et directrice de recherche émérite au Centre de recherche sur les arts et le langage. Autrice notamment de Le féminisme, ça pense ! (CNRS édition, 2023) et Féminisme et philosophie (Folio Gallimard, 2020).

Fatima Ouassak, politologue, cofondatrice du collectif Front de mères. Autrice des ouvrages La Puissance des mères (La Découverte, 2020), Pour une écologie pirate (La Découverte, 2023) et Rue du passage (JC Lattès, 2024).

En quelques mots, comment le féminisme est-il entré dans votre vie ?

Léane Alestra : Après avoir vécu, comme beaucoup de femmes, des violences et des viols au sein du lycée, j’ai d’abord traversé une période de déni, avant de me confier sur ces expériences. Les réactions que j’ai entendues m’ont permis de comprendre qu’il y avait quelque chose d’assez systémique. Là-dessus est arrivé #metoo. J’ai alors entamé des recherches qui m’ont permis de comprendre ce qui m’était arrivé.

Geneviève Fraisse : Dans mon cas, c’est plutôt une histoire de contexte historique et politique. J’étais étudiante en 68 à la Sorbonne, puis il y a eu la manifestation, en 1971, pour le droit à l’avortement, et la création du Mouvement de libération des femmes (MLF). Alors j’ai décidé de travailler sur l’histoire des textes de la pensée féministe, et je n’ai jamais arrêté depuis !

Fatima Ouassak : Jeune adulte, je me suis d’abord engagée de façon personnelle et collective sur la question des espaces non mixtes et sur notre place dans la communauté. Puis, de façon plus politique, je suis entrée dans le féminisme par l’antiracisme. Au début des années 2000, il y a eu un féminisme que je considère comme raciste, en tout cas vécu comme tel par les femmes des quartiers populaires. Enfin, devenue mère, a commencé la troisième étape de mon parcours : j’ai vraiment vu le féminisme comme un outil d’émancipation en soi, et pas seulement pour les femmes blanches.

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