mercredi, mai 8

Les tests marquent une avancée déterminante dans la prise en charge des malades atteints de cancer et des personnes à haut risque d’en développer un. Pour les premiers, ils consistent à rechercher la présence de variations précises de l’ADN au sein même de la tumeur. Ils ouvrent ainsi la voie à une médecine personnalisée, plus efficace, limitant l’errance thérapeutique et augmentant les chances de guérison.

Ces tests sont particulièrement fiables et efficaces sur certains cancers en présence d’une mutation génétique ; cela notamment dans les cancers du sein, de l’ovaire, du poumon, de la prostate, du côlon, dans les cancers rares et les leucémies.

Or, malgré les preuves avérées de leur utilité et des chances de survie accrues, certains établissements ne peuvent plus ou ne pourront bientôt plus les proposer aux patients, pour des motifs administratifs et financiers.

Voici trois ans déjà que le regretté professeur Axel Kahn [mort en juillet 2021], alors président de La Ligue contre le cancer, avait alerté sur ce sujet, accompagné par Unicancer et de nombreuses sociétés savantes. Les pouvoirs publics avaient alors promis de faciliter l’accès à ces examens.

Pallier cette inégalité

Le gouvernement a en effet chargé la Haute Autorité de santé d’évaluer un certain nombre de tests en vue de leur remboursement. Cela a débuté début 2024 avec les tests PCR dans le cancer du poumon. Or, aucun mécanisme de financement n’a été prévu pour ces examens une fois ceux-ci évalués et inscrits à la nomenclature (passés dans le droit commun), ce qui ne garantit pas un accès équitable, notamment pour les malades hospitalisés dans les établissements publics.

Contraints désormais de les financer sur leurs fonds propres, les hôpitaux les moins solides financièrement ne pourront plus les proposer aux malades. A titre indicatif, leur prix est de l’ordre de 240 euros pour le cancer du poumon, de 370 euros pour le cancer du côlon.

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La frustration provoquée par cette situation est double : pour le malade, dont on limite les chances de guérison, et pour le médecin, privé d’un outil précieux pour le traitement, voire pour la survie du patient.

La situation est d’autant plus urgente que l’évaluation et le passage des tests dans le droit commun vont se poursuivre en 2024, toujours sans solution pour pallier cette inégalité. Ce sera par exemple le cas pour le test HRD (déficit de la recombinaison homologue) dans le cancer de l’ovaire.

A quoi bon développer, grâce à des années de recherche, des innovations thérapeutiques efficaces pour les malades, si nous ne sommes pas en mesure de les mettre à leur portée ? Les patients attendaient par exemple avec impatience l’arrivée de traitements prometteurs comme les inhibiteurs de PARP (pour les cancers du sein, de l’ovaire, du pancréas et plus récemment de la prostate). Ceux-ci sont quasi exclusivement réservés aux malades présentant une mutation des gènes BRCA (gènes réparateurs de l’ADN). Ne pas avoir accès aux tests permettant de diagnostiquer ces mutations revient à priver le malade de l’accès au traitement innovant.

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