dimanche, mai 19
L’axe intestin-lignée germinale est une voie de communication entre l’intestin, son microbiote et les organes reproducteurs.

Le microbiote intestinal n’a pas fini de faire parler de lui. En attestent les quelque cinq mille travaux publiés depuis le début de l’année qui lui sont consacrés, selon PubMed. Ces études s’intéressent au rôle primordial des milliards de bactéries et de champignons qui peuplent nos intestins. Indispensables à la digestion, ils sont partie prenante de notre système immunitaire. Des études ont même mis en évidence leurs liens étroits avec notre cerveau au point que des désordres dans la flore intestinale peuvent être à l’origine de maladies psychiques comme la dépression.

Et si le microbiote intestinal intervenait également dans la reproduction ? C’est ce que suggère une étude menée sur des souris, par un consortium de chercheurs du Laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL) d’Heidelberg (Allemagne) et de Rome. L’étude, parue le 1er avril dans la revue Nature, démontre qu’une perturbation du microbiote intestinal des souris mâles influe sur la santé de leurs descendants.

Autrement dit, aussi surprenant que cela puisse paraître, les microbes de l’intestin d’une souris mâle peuvent influer sur les souriceaux, bien qu’ils se développent dans le ventre de leur mère. L’étude est formelle. Les chercheurs ont administré des antibiotiques à des souris mâles. Ce qui a diminué fortement le nombre et la diversité des microbes dans les intestins des rongeurs. Ces mâles, dits « dysbiotiques », ont ensuite été croisés avec des souris femelles au microbiote sain. Après vingt jours de gestation, l’effet était sans appel. Les souriceaux issus des mâles dysbiotiques étaient plus souvent atteints d’un retard du développement. Et leur taux de mortalité dans les deux mois suivant la naissance était nettement plus élevé.

« L’axe intestin-lignée germinale »

« On a réussi à prouver que des changements dans l’environnement paternel lors de la reproduction pouvaient avoir des effets néfastes sur la descendance », explique Jamie Hackett, l’auteur principal de l’étude. Car si les chercheurs se sont intéressés au rôle du microbiote intestinal, c’est qu’il constitue une véritable caisse de résonance des perturbations environnementales. « On étudie souvent l’effet des changements de régime alimentaire, ou d’expositions à des agents divers. Mais, bien souvent, le résultat est le même : l’altération du microbiote intestinal. En le perturbant, on capture l’effet de nombreux changements environnementaux. »

Plus surprenant encore, cet effet est réversible ! Dans certains cas, les chercheurs ont attendu quelques semaines, afin que les mâles de leur expérience recouvrent une flore intestinale saine, puis les ont fait se reproduire. Résultat : aucune anomalie détectée chez la descendance. Les souriceaux ne montraient pas de retard de croissance et n’avaient pas plus de risques de mourir dans leurs premiers mois.

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