lundi, mai 20
Silhouettes du réalisateur et d’acteurs et d’actrices du film « Les Cathares » réalisé par Guy Brunet, en 2011.

Hollywood, Cinecittà, Bollywood… Et l’Aveyron. Viviez, exactement. Dans ce village de mille deux cents habitants a longtemps travaillé l’un des réalisateurs les plus prolifiques au monde : Guy Brunet, aujourd’hui 78 ans. Plus qu’un cinéaste, un producteur, un acteur, un affichiste, un décorateur, un directeur de casting, un chef opérateur… Le tout sans argent, sans réseau, sans rien.

Reprenons depuis le début. Guy Brunet est né en 1945, fils d’un électricien devenu projectionniste et gérant de cinémas. Son frère vend des glaces dans les salles familiales, sa mère tient la billetterie. Il se prend de passion pour le septième art, se met à dessiner et à écrire, s’insère dans des affiches de films imaginaires, se plaçant aux côtés de John Wayne ou de Gene Kelly. Devenu adulte, il écrit des scénarios, un sur la Révolution française, un autre sur Napoléon à l’île d’Elbe.

Au milieu des années 1990, il investit un atelier où il crée un studio : Paravision, contraction de « paradis » et de « vision ». Là, il réalise des silhouettes en carton d’acteurs et d’actrices, de ces stars de cinéma qu’il aime depuis l’enfance, toutes hautes de 1,38 mètre. Il en a produit plus d’un millier au total. Génériques, petits théâtres de marionnettes, acteurs en carton, costumes de papier que ces derniers endossent selon ses envies, décors de Taj Mahal…

« Un corpus unique au monde »

L’ensemble de son œuvre forme « un corpus unique au monde, qui croise l’art et le cinéma, qui révèle un plasticien hors pair dans sa façon de créer son propre univers », explique Christophe Boulanger, commissaire de l’exposition monographique consacrée à Guy Brunet, au LaM – Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut, à Villeneuve-d’Ascq (Nord). Et de préciser les liens entre le travail de l’artiste et la préhistoire du cinéma, comme les lanternes magiques du XVIIIsiècle.

Dans le musée défile donc la « filmographie » de celui que les connaisseurs rapprochent de l’art brut, défini par Jean Dubuffet comme la création émanant de personnes sans formation ni culture artistique. Mais Guy Brunet a eu la culture du cinéma, « celui de ce qu’il qualifie d’“âge d’or” », précise Christophe Boulanger. Soit les films qui précèdent la Nouvelle Vague. C’est à Cecil B. DeMille, cinéaste hollywoodien de la démesure, qu’il rend souvent hommage.

Dans les années 1980, Guy Brunet se prend de passion pour la VHS, faisant son propre montage des films qu’il enregistre à la télévision. Il n’aime que les happy ends et en offre un nouveau montage, comme pour Le Salaire de la peur, d’Henri-Georges Clouzot (1953), dont il supprime la dernière scène, où le camion, conduit par Yves Montand, tombe dans le ravin. Il commente, en voix off, les extraits.

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