dimanche, avril 28

Où qu’il fût, en liberté ou emprisonné, hospitalisé ou en bonne santé, chez lui ou à l’étranger, l’existence d’Alexeï Navalny était devenue insupportable pour Vladimir Poutine. La mort à 47 ans, annoncée vendredi 16 février par l’administration pénitentiaire, de l’opposant russe le plus célèbre dans une prison de l’Arctique illustre la détermination du maître du Kremlin à supprimer toute forme d’opposition, même sous sa forme la plus contrainte.

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Il ne faut pas se faire d’illusions quant à l’enquête qui sera menée sur les raisons de la mort de Navalny, subitement « tombé malade » à l’issue de la promenade, selon les responsables de la colonie pénitentiaire. Le fait que la nouvelle ait été livrée aux médias russes sans même que la famille ou les avocats en soient informés traduit bien la nature du message que veut transmettre sa disparition, y compris aux dirigeants occidentaux rassemblés au même moment à Munich pour discuter défense et sécurité : Vladimir Poutine est maître chez lui et il entend le rester, quelles que soient les icônes que se donnent ses détracteurs.

Les dirigeants occidentaux ne s’y sont pas trompés, attribuant directement la responsabilité de la mort du prisonnier à Vladimir Poutine. C’est bien en effet le régime répressif construit depuis maintenant près d’un quart de siècle par l’ancien officier du KGB devenu président à quasi-perpétuité qui a mis fin au défi posé par Alexeï Navalny au système autoritaire russe. En rentrant volontairement dans son pays, le 17 janvier 2021, après avoir survécu par miracle à un empoisonnement destiné à le tuer, Navalny avait commis l’acte suprême d’opposition, un acte d’un courage insensé : refuser le bannissement de l’exil et continuer d’exister politiquement, même derrière des barreaux, même lorsque les condamnations s’accumulaient, allongeant perpétuellement sa peine, même dans une prison de l’Arctique où il avait été relégué à 2 000 km de Moscou.

Une Russie de plus en plus ouvertement provocatrice

Mais Vladimir Poutine ne connaît qu’une façon de traiter ceux qui s’opposent à lui, qu’ils soient démocrates, comme Anna Politkovskaïa, Boris Nemtsov et Alexeï Navalny, ou mafieux, comme le chef des milices Wagner, Evgueni Prigojine : la mort. L’abîme moral dans lequel il plonge la Russie s’illustre à une plus grande échelle dans le pays dans lequel il sème aussi la mort, l’Ukraine, qu’il a plongée dans la guerre depuis maintenant deux années après avoir commencé à l’agresser il y a dix ans.

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Le martyre d’Alexeï Navalny et de ses amis encore emprisonnés, parmi lesquels Vladimir Kara-Mourza, lui aussi rentré volontairement et condamné à vingt-cinq ans de prison, rappelle le combat démocratique des dissidents de l’ère soviétique. Les pays occidentaux avaient alors su les soutenir. De nouveau défiés aujourd’hui, ils doivent retrouver le chemin de la fermeté face au cynisme et à l’expansionnisme du régime russe.

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