dimanche, mai 12
Enfants palestiniens dans les décombres d’une maison détruite par un bombardement israélien, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 avril 2024.

Cela fait plus d’un demi-siècle que les gouvernements israéliens successifs ont, plus ou moins consciemment, fait le jeu des islamistes dans la bande de Gaza. Tout a commencé en 1973 quand les autorités d’occupation ont parrainé l’inauguration à Gaza de la mosquée du cheikh Ahmed Yassine, déjà chef de la branche locale des Frères musulmans. Israël a alors misé avec succès sur les militants islamistes pour faire contrepoids aux partisans nationalistes de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Ce pari s’est poursuivi après le déclenchement par l’OLP, en 1987, du soulèvement non armé de l’Intifada, voué à l’établissement d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël, la fameuse « solution à deux Etats ». Les Frères musulmans ont riposté en se transformant à Gaza en Hamas, l’acronyme arabe du « mouvement de la résistance islamique », qui prônait la destruction d’Israël. Il a fallu la victoire électorale, en 1992, du « camp de la paix » en Israël pour qu’Yitzhak Rabin, devenu premier ministre, signe l’année suivante avec Yasser Arafat un accord historique entre Israël et l’OLP.

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Gaza livrée au Hamas

Les deux années où Rabin et Arafat travaillent ensemble à une paix durable et collaborent donc contre le Hamas représentent la seule exception à la séquence de plusieurs décennies de complaisance israélienne envers les islamistes de Gaza. Après l’assassinat de Rabin par un terroriste juif, en 1995, le premier ministre Benyamin Nétanyahou s’emploie à saboter l’accord conclu avec l’OLP. En 1997, il libère même Yassine des prisons israéliennes où il purgeait une peine de perpétuité. Le retour triomphal à Gaza du fondateur du Hamas complique gravement la tâche d’Arafat, et ce jusqu’à la deuxième Intifada, en 2000, cette fois marquée par les attentats-suicides.

C’est Ariel Sharon, à la tête du gouvernement israélien, qui écrase ce soulèvement armé, éliminant Yassine en 2004 et assiégeant Arafat, qui meurt peu après. Sharon ordonne, en 2005, le retrait de l’armée et des colons de la bande de Gaza, retrait qu’il refuse de négocier avec le successeur d’Arafat, Mahmoud Abbas, ce qui fait le lit du Hamas, bientôt maître de l’enclave palestinienne.

Durant plus de seize années, de 2007 à 2023, Gaza est coupée de la Cisjordanie comme du reste du monde, du fait d’un rigoureux blocus imposé par Israël, en collaboration avec l’Egypte à la frontière sud. Un tel blocus permet aux islamistes de consolider leur mainmise sur Gaza, où ils traquent et répriment toute forme d’opposition. Benyamin Nétanyahou, revenu en 2009 à la tête du gouvernement, décide, en outre, deux ans plus tard, de libérer de nombreux « faucons » du Hamas, dont Yahya Sinouar, alors qu’il refuse l’élargissement de partisans déclarés de la solution à deux Etats.

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