dimanche, mai 5
Juan Ignacio Tula, lors du Festival UtoPistes, au Théâtre des Célestins, à Lyon, en juin 2018.

La roue Cyr est posée au centre du plateau dans un halo de lumière. Cet impressionnant cerceau en métal de près de 2 mètres de diamètre pèse 13 kilogrammes. Il est le partenaire et l’agrès de prédilection de l’artiste de cirque Juan Ignacio Tula dans son solo Instante, sidérante performance durant laquelle l’acrobate tournoie non-stop sur lui-même durant trente minutes, torse nu, au milieu de ce hula-hoop géant.

Sans fin, et de plus en plus vite, le cerceau s’enroule autour du ventre, du cou. « La force centrifuge augmente le poids du cercle qui rentre dans ma peau, ma chair, mes os, confie-t-il. J’ai mal aux hanches, au bas de la colonne vertébrale. Je dépasse en partie cette douleur en entrant dans ce tournis incroyable qui m’emmène dans un état physique extrême. »

Ce numéro de derviche d’une beauté affolante, qui sera présenté au Théâtre du Rond-Point, à Paris, du 28 février au 3 mars, s’inscrit dans une quête de sensations vertigineuses pour Juan Ignacio Tula. « J’ai une relation obsessionnelle avec ma roue, poursuit cette figure de premier plan de la scène circassienne. Avec cette pièce, qui a exigé trois ans de recherche, je voulais aller très loin à l’écoute de mon corps et de ses blessures. » Opération plus que réussie, tant ce solo atteint des pics visuels et émotionnels. Est-ce Juan Ignacio Tula qui tient ferme la roue Cyr, ou bien l’objet qui lui colle au corps ? Ils ne font qu’un dans cette giration hypnotique. « Enfant, j’adorais tourner sur moi-même et, en rencontrant la roue Cyr, j’ai réalisé que c’était l’accessoire parfait pour continuer à tourbillonner. »

« Comme une partenaire »

Depuis 2010, année de sa découverte de cet agrès dans un coin d’une école de cirque à Turin, en Italie, alors qu’il débarquait de son Argentine natale, Juan Ignacio Tula ne cesse d’affûter sa relation à la roue Cyr. Passé par le Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne, entre 2012 et 2014, il a renouvelé et déplacé incroyablement cette technique, apparue au début des années 1990 dans le sillage de l’acrobate canadien Daniel Cyr, et dont la figure la plus connue est celle de la « valse » : l’interprète est en croix à l’intérieur de l’agrès qui roule.

Avec Juan Ignacio Tula, le cerceau active un dialogue effervescent avec toutes les parties du corps. Ses sources d’inspiration ? La danse contemporaine et sa pratique du tango depuis l’adolescence. « Lorsque j’ai commencé avec la roue, j’ai retrouvé les mêmes repères que dans le tango, raconte-t-il. Comme une partenaire, elle offre un poids, un espace, elle répond à l’impulsion que je lui donne et elle oblige à s’enraciner dans le sol pour y prendre appui. »

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