mardi, mai 7
Roméo (Benjamin Bernheim) et Juliette (Nadine Sierra) dans « Roméo et Juliette », de Charles Gounod, au Metropolitan Opera de New York (Etats-Unis), le 4 mars 2024.

Le dernier salut est à peine achevé, au Metropolitan Opera de New York, que, déjà, une rangée de chaises est placée sur le devant de la scène pour une onstage discussion, en français un « bord de plateau », courte rencontre entre artistes et spectateurs à l’issue d’une représentation, dont l’usage se répand. Durant presque une demi-heure, le chef d’orchestre Pierre Vallet, le metteur en scène Bartlett Sher, ainsi que les deux rôles-titres du Roméo et Juliette de Gounod, le ténor Benjamin Bernheim et la soprano Nadine Sierra, encore en costume de scène, vont répondre de bonne grâce (et une dose appréciée d’humour) aux questions préparées par Peter Gelb, le patron du Metropolitan Opera.

Lire le portrait (2024) | Article réservé à nos abonnés Les Sierra, sœurs à la ville, divas sur scène

Le rideau de scène ne s’est pas abaissé sur les imposants décors de pierre imaginés par Michael Yeargan, monstrueux dévoreurs d’espace, porteurs du carcan qui pèse sur les deux familles véronaises livrées à la discorde et au meurtre. Une ville italienne aux murs sévères, dont la place centrale, bordée de somptueux palais et de ruelles obscures, verra la première rencontre des amants au bal des Capulet, la rixe entre jeunes gens ennemis, le mariage secret, puis la chambre de Juliette, tendue d’un grand drap blanc, enfin le tombeau des Capulet, où Juliette et Roméo, exilé pour avoir tué Tybalt (Capulet), lui-même assassin de Mercutio (Montaigu), se retrouveront pour mourir.

Les riches costumes d’époque conçus par Catherine Zuber – romantique Roméo en bottes, manteau à basques et jabot blanc, séduisante Juliette en longues robes vaporeuses –, les lumières narratives de Jennifer Tipton et les vigoureux combats réglés à l’instar des films de cape et d’épée par B.H. Barry, donnent à la production un réalisme à l’ancienne qu’accentue la direction d’acteur convenue de Bartlett Sher (un peu brouillonne dans les scènes de foule), dont la production connaît sa troisième reprise depuis 2016.

Engagement scénique

Côté seconds rôles, la palme revient aux femmes. De la Gertrude maternelle et protectrice d’Eve Gigliotti au Stéphano de luxe de Samantha Hankey, dont la prestance se joue des aigus qui pimentent son air de provocation « Que fais-tu, blanche tourterelle ? ». Toutes deux affichent un engagement scénique, partagé par leurs homologues masculins : le Mercutio plein de morgue de Will Liverman, à l’instar du Tybalt rapace de Frederick Ballentine. Unique figure paternelle bienveillante, le Frère Laurent d’Alfred Walker, tandis que le Capulet de Nathan Berg affiche une maturité un peu lasse, partagée par Richard Bernstein en duc de Vérone.

Il vous reste 53.73% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version