jeudi, mai 2

La question bruisse jusque sur les bancs de la majorité et dans les couloirs de la Rue de Grenelle : le ministère de l’éducation nationale aura-t-il les moyens de mettre en œuvre les groupes de niveau – désormais officiellement dénommés « groupes de besoin » – dont il a acté la création ? La ministre Nicole Belloubet, sans nier l’épineux enjeu du recrutement, se veut rassurante. « Je suis certaine que nous aurons les moyens de mettre en place les groupes de niveau », a-t-elle encore certifié sur France Inter le 26 mars.

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Mais un document interne de la direction des ressources humaines du ministère, révélé par AEF info et que Le Monde s’est procuré, témoigne de la préoccupation de l’hôtel de Rochechouart face au manque d’enseignants, alors que 2 330 postes sont nécessaires pour créer les groupes. Au moins 830 doivent être créés, les 1 500 autres résultant théoriquement des moyens dégagés par la suppression d’une heure de cours hebdomadaire pour tous les élèves de 6e.

Dans un courrier adressé aux recteurs et daté du 28 mars, le directeur général des ressources humaines (DGRH), Boris Melmoux-Eude, prévient ainsi que la rentrée 2024 se prépare, comme les années précédentes, « dans un contexte de tension particulièrement élevée sur la ressource disponible et les viviers existants », d’autant que les groupes en 6e et en 5e nécessitent des « besoins disciplinaires importants » en lettres et en mathématiques. Pour les couvrir, le DGRH en appelle à des « solutions innovantes », entérinant le postulat que les titulaires recrutés par concours ne suffiront pas.

Détachement dans le secondaire

Le nombre de candidats en 2024 est légèrement moins élevé qu’en 2023 et s’est effondré depuis 2021, laissant des milliers de postes vacants à l’issue des épreuves. Les mathématiques et les lettres sont deux disciplines dites « déficitaires » depuis des années : en 2023, seuls 47 des 134 postes ouverts en lettres classiques ont pu être pourvus, 606 sur 755 en lettres modernes, et 790 sur 1 040 en mathématiques. Le volume de postes ouverts dans ces matières en 2024 n’a en outre pas été augmenté pour 2024 en dépit des besoins supplémentaires – il a même baissé en lettres.

Dans l’optique de combler les manques et de pourvoir « un maximum de postes » dès le jour de la rentrée, la DGRH propose plusieurs solutions dans son plan de préparation de la rentrée. Le ministère devra d’abord embaucher davantage de personnels contractuels pour créer les groupes de niveau, ce qu’a plusieurs fois assumé Nicole Belloubet.

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