jeudi, mai 2
« Victor Hugo à Guernesey », huile sur toile de Georges Hugo (1868-1925).

La Maison de Victor Hugo, située place des Vosges, à Paris, consacre une exposition au peintre Georges Hugo (1868-1925), petit-fils de l’écrivain. Rien de plus naturel étant donné ce lien, d’autant que Georges Hugo participa lui-même à la fondation du musée. On pouvait cependant craindre un hommage assez convenu rendu pour ces raisons familiales à un artiste à la notoriété par ailleurs très réduite. Or, c’est plus que cela : l’exposition du cas d’un créateur que son nom et sa généalogie ont autant accablé que favorisé.

Il naît à Bruxelles le 16 août 1868, fils de Charles Hugo (1826-1871), le deuxième fils de Victor et d’Adèle Foucher, laquelle meurt le 27 août de cette même année. Charles est journaliste, opposant résolu à Napoléon III, comme son père, qu’il accompagne en exil à Jersey, puis à Guernesey avant de s’établir à Bruxelles. Il a épousé en 1865 Alice Lehaene, dont il a trois enfants : un premier, déjà prénommé Georges, mort en bas âge, puis son frère et enfin une sœur, Jeanne (1869-1941). Charles meurt d’apoplexie, à Bordeaux, alors qu’il se rend à un rendez-vous avec son père.

Quand Alice Lehaene se remarie, en 1877, Victor Hugo obtient la garde de ses deux petits-enfants, l’année même de la publication du recueil de poèmes L’Art d’être grand-père. On s’attarde sur ces faits parce qu’ils semblent avoir été décisifs : en raison évidemment de sa proximité avec le poète et, aussi, de l’immense célébrité nationale et internationale de celui-ci, qui ne cesse de croître dans ces années, jusqu’à sa mort, en 1885, avec les funérailles nationales et le cortège vers le Panthéon qui s’étire sur des kilomètres à travers Paris.

Portraits de matelots

A cette date, Georges Hugo désire depuis quelque temps devenir peintre. Il s’y prépare avec les conseils d’Ernest Ange Duez (1843-1896), est un admirateur proclamé de Manet, ami de Sargent, illustrateur des Travailleurs de la mer (de Victor Hugo, publié en 1866) : un moderne, autrement dit, et non un académique. Sa situation semble donc bien établie. Riche, porteur d’un nom illustre, inscrit dans un milieu artistique et littéraire où il rencontre aussi bien les Goncourt que Zola, il ne peut qu’accéder à la notoriété. Et là, première interruption : appelé à accomplir son service militaire, il est simple matelot de 1891 à 1893, sans chercher à tirer parti de son nom, à tel point que les officiers ignorent avoir sous leurs ordres le petit-fils Hugo, jusqu’à ce que, lors d’une escale à Athènes, le roi et la reine de Grèce viennent le rencontrer. Sur le Vauban, puis la Dévastation, il dessine des scènes du quotidien et des portraits de matelots. A son retour en France, il peint deux marines, dont Manet, Whistler et Sargent ne sont pas absents – deux toiles quasi impressionnistes.

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