lundi, mai 6

Le chef républicain de la Chambre des représentants a refusé mardi tout vote sur le dernier projet de loi d’aide à l’Ukraine, ignorant ainsi l’appel plus tôt de Joe Biden, qui avait exhorté ses opposants à « choisir l’Amérique » face à la Russie de Vladimir Poutine.

Le rejet du « speaker » républicain vient, comme le craignait Joe Biden, torpiller l’enveloppe, pourtant approuvée mardi par le Sénat, la chambre haute du Congrès, elle à majorité démocrate.

Proche de Donald Trump, probable concurrent de Joe Biden à la présidentielle de novembre, Mike Johnson a affirmé à la presse qu’il n’avait même pas l’intention d’autoriser un vote sur le projet de loi.

« Certainement pas », a-t-il lâché.

Le Sénat a validé cette nouvelle enveloppe de 95 milliards de dollars pour l’Ukraine, Israël et Taïwan, mais son adoption finale dépend des partisans de l’ancien président républicain à la Chambre — qui refusent donc en l’état d’examiner le texte.

« Je le dis aux républicains de la Chambre: vous devez choisir. Allez vous défendre la liberté ou prendre le parti de la terreur et de la tyrannie? Serez-vous avec l’Ukraine ou avec Poutine? Choisirez-vous l’Amérique ou Trump? » avait dit plus tôt le président démocrate lors d’une courte allocution à la Maison Blanche.

En pleine année électorale, la question s’est transformée en bras de fer entre Joe Biden et son prédécesseur.

– « Tout se marchande » –

Le démocrate de 81 ans a, dans son allocution mardi, étrillé les récents propos de son rival sur l’Otan.

Samedi, Donald Trump avait affirmé qu’il « encouragerait » la Russie à s’en prendre aux pays de l’alliance de défense si ceux-ci ne payaient pas leur part.

« C’est idiot, c’est indigne, c’est dangereux, c’est anti-américain », a asséné Joe Biden.

« Il croit que (l’Otan) est un système de racket. Il ne comprend pas que l’Otan s’appuie sur des principes fondamentaux de liberté, de sécurité et de souveraineté », a poursuivi Joe Biden.

« Pour Trump, les principes ne comptent pas, tout se marchande », a encore dit le président américain.

Reste que le Parti républicain s’est déjà mis en ordre de bataille derrière l’ancien président.

Au Sénat à majorité démocrate, plusieurs républicains ont voté en faveur de l’aide à l’Ukraine, permettant l’adoption du texte à la majorité qualifiée.

Mais c’est une tout autre affaire à la Chambre des représentants, à majorité républicaine.

Son président Mike Johnson refuse depuis des mois d’examiner le texte sans changement sur, tout autre sujet, la politique migratoire de l’administration Biden.

« La sécurité nationale commence avec la sécurité à la frontière », a-t-il insisté mardi.

Les républicains demandent que l’aide à l’Ukraine soit couplée à un durcissement de la politique migratoire, dans un contexte d’arrivées record à la frontière avec le Mexique.

– « Comme Trump l’a suggéré » –

Un texte de compromis en ce sens avait récemment été présenté au Sénat. Mais les conservateurs l’ont finalement rejeté, assurant qu’il n’était pas assez ferme.

Difficile de ne pas y voir l’influence de Donald Trump, qui a fait de l’immigration clandestine un thème de campagne majeur et n’entend pas donner de victoire politique à Joe Biden en pleine année électorale.

L’adoption du texte au Sénat a malgré tout été saluée mardi par le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui s’est dit « reconnaissant » envers les sénateurs américains.

« Pour nous, en Ukraine, la poursuite de l’aide américaine permet de sauver des vies humaines de la terreur russe » au moment où « nous luttons pour la liberté, la démocratie », a-t-il déclaré sur X.

De ce texte négocié au Congrès dépend en effet la reprise de l’assistance militaire à l’Ukraine, interrompue depuis fin décembre.

Les démocrates y sont, dans l’immense majorité, favorables. Les républicains, eux, sont divisés entre faucons interventionnistes, pro-Ukraine, et lieutenants de Donald Trump, bien plus isolationnistes.

Lundi soir, le sénateur Lindsey Graham, jusqu’ici l’un des premiers soutiens républicains de l’aide à l’Ukraine, a annoncé qu’il s’opposerait finalement à l’adoption de la nouvelle tranche d’aide, préférant à la place un système de prêts… « comme le président Trump l’a suggéré ».

Illustration parmi tant d’autres de l’influence écrasante du candidat républicain au Congrès.

cjc-aue/rle/aem

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