samedi, mai 18

Sept mois après le début de la guerre à Gaza, Elias Sanbar, ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco, essayiste et traducteur en français du poète Mahmoud Darwich, livre son analyse des dynamiques politiques et militaires à l’œuvre en Israël et dans les territoires occupés. Il vient de publier, chez Gallimard, « La Dernière Guerre ? » : Palestine, 7 octobre 2023 – 2 avril 2024, dans la collection « Tracts » (nᵒ 56, 48 pages, 3,90 euros).

Déjà sept mois de guerre à Gaza. Ce qui avait commencé comme une opération de représailles à la suite de l’attaque terroriste du 7 octobre 2023 s’est transformé en un massacre aux proportions effarantes, que rien ne semble pouvoir arrêter. Comment interprétez-vous cette guerre ?

Cette guerre peut être abordée comme un « retour à la case départ », radicalement distincte de toutes les guerres israélo-arabes, car elle ramène à la guerre originelle entre le peuple palestinien et la communauté juive en Palestine. Qualifiée, à juste titre, de « civile » par certains historiens, cette guerre va du vote du plan de partage de la Palestine par l’ONU, le 29 novembre 1947, à l’entrée en guerre des armées arabes, le 15 mai 1948, au lendemain de la déclaration d’indépendance d’Israël.

Quelles sont les caractéristiques de ce tête-à-tête entre les deux protagonistes historiques du conflit ?

J’en vois trois. Les combats mettent aux prises Palestiniens et juifs seulement, la guerre se déroule sur la totalité du territoire de la Palestine historique, au sein des frontières de la Palestine du mandat britannique, et elle recèle une dimension existentielle pour les deux parties, car la présence de l’une ou de l’autre en Palestine dépendra de l’issue des combats. L’essentiel de la Nakba [« catastrophe », en arabe, l’expulsion de près de 800 000 Palestiniens] s’est déroulé durant ces cinq mois et demi. Israël a toujours caché le fait que le 15 mai 1948, le jour où le premier soldat arabe entre en Palestine, les Palestiniens sont déjà des réfugiés. Une omission indispensable pour présenter notre expulsion comme la conséquence d’une agression arabe. Le 15 mai 1948, une autre histoire commence.

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En quoi la guerre en cours depuis le 7 octobre est-elle également existentielle, jumelle de cette première guerre de 1947-1948 ?

Une partie d’échecs a débuté le 7 octobre, lancée par un crime de guerre commis par le Hamas, auquel répond, depuis près de sept mois, une terrifiante succession de crimes de guerre commis par l’armée israélienne. L’attaque du Hamas visait à contraindre Israël à entrer dans Gaza et à s’y embourber. Le mouvement islamiste voulait rompre avec le schéma des guerres précédentes (2008-2009, 2012, 2014, 2021), qui ont échoué à modifier le rapport de force.

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