mercredi, mai 1

Après sa victoire aux primaires dans le New Hampshire, Donald Trump est quasiment certain d’être le candidat républicain à la présidence des Etats-Unis, et les sondages le placent au coude-à-coude avec Joe Biden. Son retour à la Maison Blanche sonnerait-il le glas de la démocratie américaine ? Au pouvoir entre 2017 et 2021, M. Trump en aura assurément testé les limites. D’abord symptôme de la crise qui frappe notre société, il en est devenu un moteur. Il a approfondi les divisions existantes entre les Américains, accélérant la dangereuse polarisation du pays ; il a rabaissé le niveau du débat public avec ses mensonges et ses insultes ; il s’est assis sur les règles fondamentales de la démocratie, à commencer par le respect des contre-pouvoirs. Et surtout, après avoir perdu la dernière élection présidentielle, il a tenté par tous les moyens d’empêcher le transfert pacifique du pouvoir, jusqu’à l’insurrection de ses partisans au Capitole, à Washington, le 6 janvier 2021.

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Si notre démocratie a malgré tout résisté au premier mandat de M. Trump, c’est en partie parce qu’il est arrivé à la Maison Blanche sans préparation, surpris – comme nous tous – par sa propre élection. Il a confié des postes-clés à des hommes et des femmes issus de l’establishment conservateur, qui ont servi de garde-fous, réussissant pendant des années à tempérer ses instincts les plus radicaux. Ce n’est qu’à la toute fin de son mandat, après sa défaite électorale, qu’il s’est entouré de lèche-bottes prêts à tout détruire pour le maintenir au pouvoir. Et si nous avons échappé à ce dernier assaut, c’est grâce à des institutions robustes, mais surtout à des responsables républicains qui se sont avérés suffisamment forts pour lui résister, comme les élus qui n’ont pas voulu lui « trouver 12 000 votes » en Géorgie, ou son jusqu’alors fidèle vice-président Mike Pence, qui a refusé d’invalider les résultats.

Cette fois, si M. Trump est élu, les choses seront bien différentes. Il a passé trois ans à ruminer sa rancune et à préparer sa « revanche ». Au sein d’un réseau de groupes bien financés, comme la puissante Heritage Foundation, ses partisans ont affûté leur programme et dressé des listes de milliers de recrues potentielles pour remplacer autant de fonctionnaires de carrière : M. Trump pourra commencer à mettre en œuvre, dès le premier jour, une politique extrémiste et une offensive tous azimuts contre les institutions démocratiques qui avaient entravé son pouvoir.

« Je suis votre vengeance »

M. Trump ne cache pas son intention de brandir le pouvoir de l’Etat contre ses « ennemis », comme il l’a revendiqué devant la Conservative Political Action Conference : « Je suis votre guerrier. Je suis votre justice. Et pour ceux qui ont été lésés et trahis : je suis votre vengeance. » Cela commencera par la mise au pas du ministère de la justice, qui dirige les 93 procureurs des Etats-Unis, renversant ainsi une norme éthique instituée en 1974 au lendemain du Watergate.

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