mardi, mai 21
Des manifestants du campement propalestinien du campus de Columbia exposent une banderole alors qu’ils se barricadent à l’intérieur du Hamilton Hall, le 29 avril 2024, à New York (Etats-Unis).

L’université Columbia de New York, confrontée depuis deux semaines à un mouvement d’étudiants et de militants propalestiniens, a menacé, mardi 30 avril, de renvoyer ceux qui occupent depuis la nuit dernière un bâtiment du campus. « Nous déplorons que des manifestants aient choisi, par leurs actions, la voie de l’escalade (…). Les étudiants qui occupent le bâtiment font face [à un risque] de renvoi », écrit Ben Chang, porte-parole de l’établissement, dans un communiqué.

Des étudiants de l’université d’où est parti un mouvement étudiant en faveur de la Palestine aux Etats-Unis, ont occupé un bâtiment durant la nuit de lundi à mardi. Après un week-end relativement calme sur le campus, où est installé un village de tentes, la présidente de Columbia, Minouche Shafik, avait demandé lundi aux 200 occupants du campement de quitter les lieux avant 20 heures (heure française), après cinq jours de négociations infructueuses.

Mardi soir, le campus aéré et d’habitude ouvert aux passants du nord de Manhattan était entièrement bouclé, et des barrières ont été érigées par la police avant une possible intervention.

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Ces étudiants et militants propalestiniens, qui exigent que Columbia, université privée, coupe les ponts avec mécènes ou entreprises liés à Israël, avaient appelé lundi soir à « protéger le campement ». « Nous ne serons pas délogés, sauf par la force », a clamé lors d’un point presse Sueda Polat, une des leaders du mouvement.

Une « mauvaise approche », estime Joe Biden

Durant la nuit, des manifestants se sont barricadés dans le bâtiment Hamilton et d’autres l’ont entouré en formant une chaîne humaine à l’extérieur, selon une vidéo postée sur les réseaux sociaux. Columbia a commencé dans la soirée à suspendre administrativement des étudiants.

« Les membres de la communauté de Columbia ont repris Hamilton Hall juste après minuit », a déclaré dans un communiqué le groupe étudiant Columbia University Apartheid Divest. Ils l’ont renommé « Hind’s Hall » en l’honneur d’une fillette de 6 ans, Hind, tuée durant la guerre à Gaza. « Prendre le contrôle d’un bâtiment est un petit risque comparé à la résistance quotidienne des Palestiniens à Gaza », ajoute le groupe.

Le président des Etats-Unis, Joe Biden, « pense qu’occuper par la force un bâtiment universitaire est la mauvaise approche » et n’est « pas un exemple de manifestation pacifique », a déclaré mardi John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

Inquiétude de l’ONU

L’ONU a réagi mardi aux actions de la police sur des campus d’université aux Etats-Unis. « Je m’inquiète de ce que certaines mesures prises par les forces de l’ordre dans une série d’universités semblent avoir un impact disproportionné », a déclaré le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk. Il s’est dit troublé « par une série de mesures musclées prises pour disperser et démanteler les manifestations », soulignant que « la liberté d’expression et le droit de réunion pacifique sont fondamentaux ».

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Columbia avait assuré vendredi qu’elle ne ferait pas appel à la police de New York pour évacuer les tentes. Mais pour Joseph Howley, professeur à Columbia, l’ultimatum lancé par la présidente de l’université équivaut à « céder aux pressions politiques externes ». La vague de protestation contre la guerre que conduit Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza s’étend dans les universités américaines depuis dix jours. Le mouvement est parti de Columbia, où cent personnes avaient été interpellées le 18 avril.

Lire le reportage | Article réservé à nos abonnés Aux Etats-Unis, le campus de Columbia en état de siège sur fond de guerre à Gaza

Depuis, des centaines d’autres – étudiants, enseignants et militants – ont été interpellées, parfois arrêtées et poursuivies en justice dans plusieurs universités du pays. Les images de policiers antiémeutes intervenant sur les campus, à la demande des universités, ont fait le tour du monde, rappelant des événements similaires aux Etats-Unis lors de la guerre du Vietnam. Les manifestations ont ravivé le débat tendu depuis l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre, opposant liberté d’expression et allégations d’antisémitisme.

Au cours du week-end, plus de 350 personnes ont été interpellées dans plusieurs universités à travers le pays et le campement de Boston a été démantelé. A l’université du Texas, à Austin, un campement a aussi été démantelé et quelques personnes interpellées. Lundi, la police a utilisé des bombes lacrymogènes au poivre. « Aucun campement ne sera autorisé », a déclaré le gouverneur conservateur du Texas, Greg Abbott, sur les réseaux sociaux. L’avocat Paul Quinzi, qui défend à Austin des personnes détenues, a estimé pour l’AFP « à au moins quatre-vingts le nombre d’arrestations », qui « se poursuivent ».

Le Monde avec AFP

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