dimanche, mai 5
La Yangwang U8, modèle de luxe hybride de BYD, au salon automobile de Genève (Suisse), le 26 février 2024.

Le jour même où s’ouvrait le salon automobile de Genève, lundi 26 février, le premier « car-carrier » (bateau transporteur de voitures) du géant chinois BYD commençait à décharger ses 3 000 véhicules électriques dans le port allemand de Bremerhaven. Faut-il y voir un calendrier délibéré ou une simple coïncidence ?

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Le navire BYD-Explorer n° 1 n’en est pas moins le symbole des ambitions mondiales du constructeur de Shenzen, dans le sud de l’empire du Milieu. Il vient de dépasser Tesla, le groupe d’Elon Musk, pour le nombre de véhicules électriques écoulés au dernier trimestre 2023, s’attaque à l’Europe avec trois modèles et lance une voiture de luxe hybride – et amphibie ! – de 1 200 CV, la Yangwang U8, un monstre vendu en Chine au prix astronomique de 143 000 euros.

Aussi conquérant et innovant soit-il, BYD a pourtant du souci à se faire du côté de Bruxelles, comme les autres marques chinoises. Mi-septembre, dans le cadre très solennel de son discours sur l’état de l’Union, la présidente de la Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une enquête sur des subventions de Pékin à son industrie. Les soupçons d’Ursula von der Leyen sont « injustes », répliquent les accusés. L’Union européenne pourrait imposer dès juillet une taxe réduisant l’avantage compétitif des voitures chinoises.

Aiguillonnés par un gouvernement

Pour la première fois, BYD a rejeté ces accusations par la voix de son patron pour l’Europe. « Notre succès n’est pas dû aux subventions, très limitées, mais aux investissements dans la technologie, plus importants et plus précoces que nos concurrents », confie Michael Shu au Financial Times du 26 février, en y ajoutant « une gestion très efficace ». Il est vrai que les constructeurs chinois, dépassés par les Européens, les Américains et les Japonais dans le moteur thermique, et parfois fabricants de batteries à l’origine (comme BYD), ont tout misé sur l’électrique, également aiguillonnés par un gouvernement soucieux de dépolluer les villes.

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M. Shu a raison, « les Européens ont peur de ne pas pouvoir offrir des prix compétitifs ». Carlos Tavares, le directeur général du groupe Stellantis, est ainsi très critique à l’encontre de Bruxelles et des gouvernements européens : leur stratégie du tout-électrique d’ici à 2035 a favorisé l’ouverture du Vieux Continent aux fabricants chinois, 30 % moins chers, estime-t-il. Avec l’objectif de « nous obliger à baisser les prix, sans prendre en compte les conséquences sociales de [leurs] décisions », dénonce-t-il dans un entretien au magazine Challenges du 8 février.

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