samedi, mai 18

Les banques centrales ont en théorie deux objectifs. L’un est la stabilité des prix : la plupart des banques centrales des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont pour cible le maintien de l’inflation à moyen terme à 2 %. L’autre est la stabilité financière pour éviter l’excès d’endettement ou la hausse anormale des prix des actifs, financiers ou immobiliers. Mais, en réalité, les banques centrales privilégient le premier de ces objectifs et néglige le second. Et cela est dangereux, car c’est bien ce déséquilibre qui est à l’origine des crises financières depuis trente ans.

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A la fin des années 1990, les banques centrales ne réagissent pas initialement à la bulle Internet, qui voit une hausse vertigineuse de la valorisation des entreprises de ce secteur. Certes, « l’exubérance irrationnelle des marchés financiers » est évoquée en 1996 par Alan Greenspan, alors président de la Réserve fédérale américaine (Fed), mais les banques centrales finissent par considérer que cette exubérance est normale, qu’elle reflète correctement les perspectives de hausse des profits dans le secteur des nouvelles technologies. Lorsque la hausse de l’inflation les conduit à augmenter les taux d’intérêt, elles déclenchent l’explosion de la bulle Internet et une récession liée à la chute de l’investissement des entreprises.

La même configuration se répète à partir de 2004-2005. Les banques centrales conservent une politique monétaire expansionniste puisque l’inflation reste faible : le taux d’intérêt directeur de la Fed est de 1 % jusqu’à la fin de 2004, celui de la Banque centrale européenne (BCE) de 2 % jusqu’au début de 2006. Résultat, les prix de l’immobilier grimpent entre 2002 et 2008 de 50 % dans la zone euro et de 45 % aux Etats-Unis.

Recul violent des prix

La hausse des taux directeurs depuis 2005-2006 a conduit à la crise des subprimes en 2008-2009, dont l’origine se situe dans le recul des prix de l’immobilier : l’insolvabilité des emprunteurs entraîne un recul violent des prix des produits dérivés liés à l’immobilier.

Depuis 2021, nous vivons un troisième épisode de politique monétaire expansionniste faisant apparaître des bulles sur les prix des actifs. Les banques centrales ont augmenté leur taux d’intérêt à partir de l’été 2022. Mais, d’une part, cette hausse a été tardive et plus que compensée par la hausse de la liquidité. La taille du bilan de la banque centrale, qui correspond aux actifs financiers – essentiellement les obligations −, est passée aux Etats-Unis de 835 milliards de dollars en mai 2008 à 5 896 milliards de dollars en février 2024, et, dans la zone euro, de 876 milliards d’euros en mai 2008 à 5 203 milliards d’euros en mars 2024.

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