mardi, mai 7

Une agression au couteau est survenue mercredi 10 avril à Bordeaux, faisant deux morts, dont l’assaillant.
Au lendemain des faits, la procureure Frédérique Porterie est revenue sur le déroulé des faits.
L’enquête est toujours en cours pour identifier l’agresseur, tué lors de son interpellation par un policier.

Au lendemain d’une attaque au couteau survenue mercredi 10 avril dans la soirée à Bordeaux, la procureure Frédérique Porterie a donné une conférence de presse pour donner les derniers éléments de l’enquête. Alors que l’enquête est toujours en cours pour identifier l’agresseur, tué lors de son interpellation par un policier, elle a souligné qu’en l’état, « aucun élément ne milite en faveur d’une attaque terroriste ».

Une première altercation avant l’attaque

Lors de sa conférence de presse, la procureure est d’abord revenue sur le déroulé des faits, survenus entre 19h30 et 19h50. Rapportant le témoignage de la personne rescapée, la procureure a expliqué que les deux victimes, assises sur des pelouses à proximité du miroir d’eau, auraient été prises à partie par l’agresseur parce qu’elles buvaient de la bière. 

« L’agresseur, qu’il ne connaissait pas, ce serait approché de son ami, Rachid Bouach, et s’en serait pris à lui, avant de leur reprocher, à l’un et à l’autre, dans un français approximatif, de boire, alors que c’était l’Aïd« , a-t-elle déclaré, faisant état des premières déclarations de la victime, actuellement hors de danger, mais qui reste affaiblie. Toujours selon ce récit, « les deux amis lui répondaient ‘cela ne te regarde pas’ et à ce moment-là, l’auteur leur assénait des coups de poings. » L’individu aurait ensuite sorti son couteau, « assez volumineux, qui fait plus couteau de chasse quand on le voit qu’Opinel », a décrit la procureure, pour poignarder les deux hommes, avant de fuir vers le pont de pierre où il est interpellé par une équipe de police qui sortait alors d’intervention. 

Suite à de nouveaux témoignages, la procureure a ajouté qu’avant cette attaque, l’agresseur s’en serait pris à deux autres personnes. « L’auteur aurait pris à partie deux individus parce qu’ils buvaient du rosé, en ce jour d’Aïd. S’en seraient suivis un coup de poing et un coup de coude, avant que l’agresseur exhibe un couteau en leur demandant de venir se battre », a détaillé la procureure Frédérique Porterie. Mais l’homme serait finalement parti pour se diriger vers le miroir d’eau.

Le parquet terroriste « en veille »

Deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet de Bordeaux. L’une vise l’assaillant pour « meurtre », « tentative de meurtre » et « violences avec arme ayant entrainé une incapacité totale de travail supérieure à huit jours sur fonctionnaire de police ». La procureure a ainsi souligné qu’en l’état, « aucun élément ne milite en faveur d’une attaque terroriste ». Si le PNAT, le parquet national anti-terroriste, ne s’est pas saisi, il reste « en veille », « en position d’évaluation tant que toute la lumière ne sera pas faite sur les mobiles exacts de l’agresseur », a souligné la procureure. 

Une deuxième enquête, pour « homicide volontaire », vise le policier qui a fait usage de son arme de service , afin d’« éclaircir les circonstances » de cette intervention. Néanmoins, la procureure a souligné lors de son intervention que tous les témoignages concordaient pour dire que les policiers qui sont intervenus avaient demandé à l’individu de lâcher son arme. La thèse de la légitime défense est privilégiée.

Le profil de l’agresseur

Des vérifications sont toujours en cours pour identifier l’assaillant puisqu’il n’avait aucun papier d’identité ni de téléphone sur lui lors des faits. Il n’était pas non plus connu des services de police. La procureure Frédérique Porterie a néanmoins annoncé que la base de données Eurodac, qui contient les empreintes digitales des demandeurs d’asile enregistrés dans les pays membres de l’UE et les états associés, avait permis de recueillir de premiers éléments d’identification. L’homme serait donc un demandeur d’asile « d’origine afghane et âgé de 25 ans ».

Selon la magistrate, les derniers éléments de l’enquête n’indiquent pas de revendication religieuse. Un témoin aurait simplement rapporté qu’il avait le sentiment que « l’agresseur avait l’attitude d’un musulman rigoriste », compte tenu de sa tenue vestimentaire. L’homme a effectivement été décrit par plusieurs témoins comme « porteur d’un qamis et d’un keffieh couvrant son visage. » Néanmoins, la procureure a souligné qu’il s’agissait seulement pour l’instant d’une « impression ». « Nous n’avons pas rapporté la preuve, à ce jour, de cet élément », a-t-elle insisté, expliquant que l’identification de l’individu permettra « sans doute » d’en savoir davantage sur le mobile de l’attaque.

Le rescapé dans un état stable

La procureure a également donné plus d’éléments sur les deux victimes, amis et qui ne connaissaient pas l’assaillant. Selon la magistrate, les deux individus attaqués sont de « type nord africains » et « natifs du même village en Algérie ». Saleh Kharat est le survivant et serait né le 8 février 1998. Son ami, tué lors de l’attaque, s’appelait Rachid Bouach, et était né le 21 mars 1987. L’un était sans domicile fixe tandis que l’autre était hébergé par France Terre d’Asile. 

D’après le résultat d’autopsie, Rachid Bouach est décédé des suites des neuf plaies par arme blanche reçues suite à l’attaque. La seconde victime, Saleh Kharat, transportée en urgence absolue, souffrait de « trois plaies par arme blanche dont deux perforantes ». L’homme a été opéré en urgence et ses jours ne sont plus en danger, selon la procureure.


A. Lo.

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