lundi, mai 20
Le président tchadien sortant, Mahamat Idriss Deby Itno, à N’Djamena, le 6 mai 2024.

Au Tchad, le chef de l’Etat sortant, Mahamat Idriss Déby Itno, a été élu président de la République dès le premier tour de l’élection avec 61,03 % des voix, selon des résultats officiels provisoires communiqués jeudi 9 mai.

Une heure avant le début de la conférence de promulgation organisée par la Commission électorale dans la capitale, N’Djamena, quadrillée par les militaires, son premier ministre et concurrent lors de ce scrutin, Succès Masra, avait contesté ces résultats provisoires et revendiqué être arrivé en tête du premier tour.

La compilation des résultats par son propre camp « consacre la victoire au premier tour, celle du changement sur le statu quo », déclarait M. Masra dans un long discours diffusé sur sa page Facebook. « La victoire est éclatante et sans tache », a-t-il clamé. « Ne vous laissez pas voler votre destin », a asséné M. Masra. Il a également appelé les forces de l’ordre à « refuser d’obéir aux ordres injustes », appelant les Tchadiens à se « mobiliser pacifiquement », mais « fermement » afin de faire « éclater la vérité des urnes ».

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L’enjeu des élections est de taille : pour le général Mahamat Idriss Déby Itno, le fils de l’ancien président Idriss Deby (mort en 2021), hissé par un groupe d’officiers sur le fauteuil de son père, il s’agit de légitimer son pouvoir par les urnes. Le pouvoir se félicite d’ailleurs d’organiser la première élection présidentielle parmi les pays africains (Mali, Guinée, Burkina Faso, Niger) qui ont connu des changements de régime non démocratiques au cours des dernières années.

Son rival, Succès Masra, était rentré au Tchad le 3 novembre 2023 au terme d’un d’exil d’un an et il avait été nommé chef du gouvernement à la faveur d’un accord politique avec le pouvoir. M. Masra, âgé de 40 ans, s’était ensuite attiré les foudres de ses anciens alliés parmi l’opposition et au sein de la société civile, qui désormais le considèrent comme un « candidat prétexte » servant à donner l’illusion d’un scrutin ouvert.

Observateurs mis à l’écart

En rassemblant des foules considérables durant sa campagne, le premier ministre est apparu finalement comme un rival pouvant inquiéter Mahamat Idriss Déby Itno. Son parti, Les Transformateurs, avait dénoncé, dès mercredi, des « violences et des menaces graves » contre son chef et ses partisans ainsi que des fraudes, appelant « le peuple » à « défendre sa volonté exprimée dans les urnes ». Succès Masra a fait l’objet de « surveillance » et de « menaces à sa sécurité (…) extrêmement graves », a assuré son parti, dans un communiqué publié sur sa page Facebook.

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L’Union européenne, de son côté, avait déploré, la mise à l’écart de 2 900 observateurs de la société civile, ce qui nuit, selon elle, à « la transparence » de l’élection présidentielle, mise en doute par l’opposition et plusieurs ONG internationales. Ces dernières avaient déjà émis des réserves sur la « crédibilité » et la transparence d’une élection qu’elles jugeaient, au diapason de l’opposition, jouée d’avance en faveur de Mahamat Idriss Déby Itno.

Le Monde avec AFP

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