lundi, mai 20

A première vue, les deux bâtiments du groupe LDLC ont tout du siège classique de grande entreprise française : des bureaux assez sobres, en open space, en périphérie d’une métropole, près de Lyon, à Limonest, un toit végétalisé, des espaces de détente avec des poufs, des équipements de loisir (salle de sport, bornes d’arcade et même pistes de bowling)… Et des cadres, beaucoup de cadres : 30 % de l’effectif global. La majorité d’entre eux travaillent au siège, qui abrite 600 des 1 100 salariés du groupe de vente en ligne de high-tech.

Qu’ils soient dirigeants ou manageurs de proximité, ils ont eux aussi été associés au passage à la semaine de quatre jours, sans baisse de salaire et avec réduction du temps de travail, mise en œuvre par LDLC depuis le 25 janvier 2021. Une exception dans le paysage français. Pauline Grimaud, sociologue du Centre d’études de l’emploi et du travail, a étudié près de 300 accords signés en 2023 en France. Elle constate qu’« une part non négligeable des accords d’entreprise sur la semaine de quatre jours exclut les cadres, en particulier ceux au forfait jours », qui ne comptent pas leurs heures, car leur temps de travail est mesuré en jours, avec un maximum de 218 par an. Ce mode d’organisation du travail concernait 14,7 % des salariés du privé à temps complet en 2021, et la moitié des cadres, selon le ministère du travail.

Chez LDLC, le commun des salariés est tenu de travailler seulement 32 heures chaque semaine, et il est prévu que toute l’entreprise se cale sur cet objectif… Y compris les cadres au forfait jours. Pour Laurent de la Clergerie, fondateur de l’entreprise qui porte ses initiales, il s’agissait de « n’exclure personne » : « C’est un changement d’équilibre, un lâcher-prise à l’échelle de l’entreprise, les manageurs les premiers avaient peur que leurs collègues ne fassent rien en leur absence le cinquième jour. Or, cela peut bien attendre vingt-quatre heures, d’avoir une information. »

Tout n’a pas été simple. Premier obstacle, une convention de forfait jours étant signée individuellement, il a fallu convaincre chaque salarié. Les rares collaborateurs réticents se comptaient justement parmi les manageurs : « Cela m’a fait drôle que ça arrive par la direction, se souvient Jean-Claude Chaix, aux achats depuis quinze ans. La première question, c’était comment mettre cinq jours en quatre, déjà qu’en cinq c’était compliqué. » En 2015, les forfaits jours travaillaient environ 200 heures de plus par an que les autres salariés français, soit quatre heures de plus par semaine.

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