samedi, mai 4
Annonce sur les écrans du Nasdaq Marketplace de la négociation publique du Trump Media & Technology Group,  à New York, le 26 mars 2024.

Le verdict, au moins provisoire, du marché est tombé : le Trump Media & Technology Group, qui détient le réseau social de Donald Trump, Truth Social, vaut 9,5 milliards de dollars (8,7 milliards d’euros). De ce fait, Donald Trump, qui possède 58 % de l’ensemble, voit, mardi 26 mars, sa fortune bondir d’environ 5,5 milliards de dollars. Cette magie financière s’explique par la fusion du réseau de Donald Trump et d’une coquille vide cotée en Bourse, Digital World Acquisition Company (DWAC), qui a levé 293 millions de dollars de capitaux à l’été 2021.

La valorisation au Nasdaq du nouvel ensemble, coté sous l’acronyme DJT, comme Donald John Trump, est mirobolante : l’entreprise de médias a, certes, pour tête d’affiche Donald Trump, ancienne vedette de téléréalité et président potentiel des Etats-Unis, mais son nombre de visiteurs a été divisé par deux en un an (environ 500 000 par mois).

Au cours des neuf premiers mois de 2023, Truth Social a réalisé 3,3 millions de dollars de revenus publicitaires et une perte nette de 49 millions de dollars. Une micro-PME sans croissance liée à une gloire de 78 ans ! Introduite il y a deux ans et demi, à 10 dollars par action, l’ex-DWAC cotait, mardi matin, plus de 70 dollars, mais était très volatile. L’opération avait été retardée en raison de multiples conflits, quand tout s’est accéléré : assemblée générale de fusion, vendredi 22 mars, et cotation au Nasdaq.

Réputation de mauvais payeur

L’affaire remonte à février 2021. Donald Trump a été banni de tous les réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter, après l’assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021, et ne dispose plus de porte-voix médiatique. Le président sortant est alors contacté par deux anciens participants de son show, « The Apprentice », Wes Moss et Andy Litinsky. Les deux hommes veulent créer avec Donald Trump un média conservateur.

Ils lui présentent un projet visant à « créer une puissance médiatique conservatrice qui rivalisera avec les médias progressistes et luttera contre les entreprises “Big Tech” de la Silicon Valley ». L’accord est conclu : Donald Trump aura 90 % de l’ensemble, et les deux associés 8,6 %, un avocat chargé de l’accord, Bradford Cohen, récupérant le 1,4 % restant.

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Donald Trump n’a pas d’argent et un accès limité au crédit en raison de ses faillites passées et de sa réputation de mauvais payeur. Mais l’obstacle est surmontable : la planète finance est en pleine bulle spéculative, avec l’« argent gratuit » distribué par les banques centrales en pleine crise sanitaire. Wall Street voit fleurir des coquilles vides, déjà cotées en Bourse et gavées d’argent emprunté à taux zéro : ce sont des Special Purpose Acquisition Companies (SPAC), des sociétés d’acquisition à vocation spécifique, c’est-à-dire des entreprises en quête désespérée de projets.

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