samedi, mai 18
Le soldat prorusse Russel Bentley, sur une photo postée sur le réseau social X, le 4 avril 2024.

Sa silhouette, plus imposante d’année en année, appartenait au paysage du Donbass, comme son accent à couper au couteau, qui trahissait son Texas natal. Russell Bentley était une figure emblématique de la « république populaire de Donetsk » – l’un de ces étrangers qui avaient pris fait et cause pour le camp prorusse, souvent d’extrême gauche ou d’extrême droite, chéris par la propagande de Moscou.

Etabli dans la ville de Donetsk depuis 2014 et les débuts de la rébellion armée dans l’est de l’Ukraine soutenue par l’armée russe, « Texas », le nom de guerre qu’il s’était choisi, y est mort au cours du mois d’avril, à 64 ans, tué probablement par des soldats de cette même armée russe.

Russell Bentley se disait communiste. Il répétait souvent, comme une réplique tout droit sortie d’un film hollywoodien : « Je déteste les nazis. » C’est cela qui l’avait poussé à quitter les Etats-Unis, en décembre 2014 : la certitude, entretenue par les pages Facebook qu’il lisait, de partir combattre un gouvernement, celui de Kiev, soumis au fascisme et à l’impérialisme occidental, qui « assassinait » la population civile du Donbass.

Ce voyage fut le dernier d’une vie aventureuse, commencée dans une famille sans histoires de Dallas, qu’il a en partie racontée lui-même dans diverses interviews. Rebelle dans l’âme, disciple dès l’adolescence de Che Guevara, Russell Bentley était décrit par ses amis comme une âme généreuse, un idéaliste.

« Antiraciste et antimilitariste »

Après avoir passé trois ans dans l’armée américaine, il exerça tous les métiers possibles. Il militait pour la légalisation du cannabis au sein du parti politique Grassroots, pour lequel il fut candidat à plusieurs élections, et il avait été condamné en 1996 à cinq ans de prison pour avoir acquis et vendu plus d’une tonne de marijuana. Il purgea une partie de cette peine, s’échappant d’un centre de réinsertion avant d’être repris en 2007.

En 2014, alors instructeur de yoga, il s’enflamme pour la cause du Donbass en lutte téléguidée par Moscou contre le pouvoir central ukrainien. « Je suis antiraciste et antimilitariste, dira-t-il dans un entretien au magazine Rolling Stones. Je soutiens le droit des peuples à l’autodéfense. » A Donetsk, il rejoint le contingent de quelques dizaines d’étrangers, en très grande majorité d’extrême droite, ayant déjà rallié le mouvement prorusse.

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Russell Bentley est intégré au bataillon Vostok, et fréquemment photographié les armes à la main. Difficile toutefois d’évaluer la réalité de la participation à des combats de ces étrangers, souvent plus utiles à la propagande russe qu’aux commandants sur le terrain.

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