samedi, mai 18

D’un côté, la liberté d’expression. De l’autre, le respect de la loi. Confronté à la collision entre ces deux principes sur les campus américains, Joe Biden cherche une synthèse périlleuse. Le 2 mai, le président américain a fini par prononcer une allocution en réaction à la mobilisation contre la guerre à Gaza. « Nous ne sommes pas une nation autoritaire où l’on fait taire les gens et écrase la dissidence », a-t-il dit, avant d’insister sur l’essentiel à ses yeux : « L’ordre doit prévaloir. » Il manquait un mot dans le discours du président américain. Un nom. Une référence pourtant indispensable, puisqu’elle se trouve à l’origine du mouvement étudiant : Gaza.

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Fustigeant le risque de « désordre » et de « chaos », après 2 000 interpellations dans tout le pays, Joe Biden a choisi d’opérer une distinction entre la dimension sécuritaire de la contestation aux Etats-Unis et la guerre elle-même, dans l’enclave palestinienne. A de multiples reprises, de façon préméditée, la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a utilisé une expression significative : « Un moment douloureux. » Les Etats-Unis traverseraient « un moment douloureux », comme un deuil, un séisme ou toute autre expérience désagréable qui ne serait point politique. Or, ce mouvement est politique. Il répond en écho au vote blanc protestataire lors des primaires démocrates, qui a atteint des scores importants dans le Michigan, le Minnesota et le Wisconsin.

La Maison Blanche attend avec espoir la fin de l’année universitaire pour un retour à la normale. Pour l’heure, elle évite le débat sur les causes. Elle se focalise sur les méthodes des manifestants, leur expression. Celle-ci est souvent radicale, unidimensionnelle et teintée d’une détestation d’Israël. Mais la demande de transparence adressée par les étudiants en colère à leurs universités – au sujet de leurs investissements jugés compromettants – peut aussi être adressée à l’administration Biden. Quelles livraisons d’armes à Israël depuis le 7 octobre ? Quels résultats dans les enquêtes promises par l’Etat hébreu sur les crimes de guerre allégués à Gaza ? Quelle possible responsabilité américaine par association, au regard du droit international, dans ces crimes ?

Entre humanité et sécurité

En disant que « l’ordre doit prévaloir », Joe Biden veut envoyer plusieurs messages. Le premier concerne sa vigilance constante et sincère face à l’antisémitisme. En décembre 2022, une task force associant différents organes fédéraux avait été mise en place sur ce sujet. Le 7 mai, le président s’exprimera au mémorial de l’Holocauste, à Washington, pour évoquer la lutte nécessaire contre ce fléau en pleine résurgence.

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