mardi, mai 7

Nous ne revivons pas les années 1930, peut-on tenter de se rassurer en énumérant les multiples dissemblances avec cette époque où le danger venait de l’autre côté du Rhin et où l’Europe n’était qu’un idéal pour rêveur.

Parmi les sujets où le parallélisme « tient » malheureusement fort bien figure la tentation de désigner les étrangers ou les personnes perçues comme tels – les juifs principalement à l’époque, surtout les musulmans de nos jours – comme la cause de tous nos maux, et leur exclusion, sinon leur expulsion, comme la panacée.

Marine Le Pen, après son père, a tant rabâché l’idée de « préférence nationale » – rebaptisée désormais « priorité nationale » –, elle s’échine tant à euphémiser ses expressions et à promettre tout et son contraire à tout le monde qu’elle n’a même plus besoin d’entonner ce hit absolu de l’extrême droite. D’autant que, lors du débat sur la loi « immigration » en 2023, le ralliement de la droite classique – et même des élus macronistes avant la censure du Conseil constitutionnel – à l’idée de durcir les conditions d’accès des étrangers en situation régulière à certaines prestations sociales a marqué ce qu’elle a salué comme « une grande victoire idéologique ».

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Cette sourdine mise sur le slogan phare de l’extrême droite, fondement de la promesse d’un « référendum sur l’immigration », ne doit pas faire oublier qu’il constitue la clé de voûte de son programme, surtout à l’approche des élections européennes, où les questions de souveraineté sont centrales.

Emploi, comptes publics, école, hôpital, sécurité, logement… Chaque « solution » du Rassemblement national (RN) aux difficultés du pays passe par l’exclusion des étrangers. Rappeler que les mêmes « solutions » ont été mises en œuvre à la fin de la IIIRépublique, avec les conséquences que l’on sait, ne revient pas à traiter Mme Le Pen de nazie, une allégation dont on connaît la vanité, mais à tirer les leçons de notre propre histoire.

Hantise

« Au cours des années 1930, les polémiques sur le “problème” de l’immigration ont alimenté (…) un engrenage fatal », rappelle Gérard Noiriel dans Préférence nationale. Leçon d’histoire à l’usage des contemporains (Gallimard, « Tracts », 64 pages, 3,90 euros). Aucune des lois destinées à régler ce « problème » n’ayant permis de résoudre la grave crise économique et sociale de l’époque, le Parti radical, pivot de la vie politique, « a glissé dès 1934, poursuit l’historien, sur la pente qui l’a conduit à reprendre à son compte une grande partie du programme de l’extrême droite ».

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