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Lors de l’assemblée générale du groupe Orpea, le 28 juillet 2022.

Fini Orpea, voici Emeis. Le grand groupe privé des Ehpad et cliniques a adopté mercredi 20 mars un nouveau nom pour « marquer une nouvelle étape de sa refondation », deux ans après le scandale né de révélations sur les pratiques de son ancienne direction.

« La marque Orpea était très abîmée, elle était devenue synonyme de scandales, il était important de changer de nom », a déclaré à l’Agence France-Presse Laurent Guillot, directeur général du groupe de maisons de retraite et de cliniques privées, qui emploie 76 000 personnes dans le monde, dont 28 000 en France.

Ce mastodonte a été ébranlé par la parution en janvier 2022 du livre enquête du journaliste Victor Castanet, Les Fossoyeurs, qui dénonçait des maltraitances de résidents, un usage abusif des fonds publics et des manquements dans la gestion de son personnel. Depuis, le groupe et d’anciens dirigeants font l’objet de poursuites judiciaires.

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Lourdement endetté, le groupe a été sauvé de la faillite par la Caisse des dépôts, bras armé financier de l’Etat, qui, avec un consortium, en a pris le contrôle en décembre 2023.

Au fil de la restructuration, qui a entraîné une forte dilution pour les actionnaires, le titre Orpea, qui cotait au-dessus de 80 euros en janvier 2022, ne vaut plus qu’un centime aujourd’hui.

Marque unique

Nouvel actionnariat, nouvelle gouvernance, et maintenant un nouveau nom et un nouveau logo : des mains, symbolisant les métiers du soin, entourant le nom Emeis écrit en lettres minuscules.

« Emeis – qui veut dire “nous” en grec ancien – représente bien le projet de refondation que nous avons lancé en novembre 2022 : un projet collectif avec nos 76 000 collaborateurs, avec nos patients, nos résidents et l’ensemble des acteurs de soin », décrit Laurent Guillot.

Emeis devient une marque unique pour les Ehpad mais aussi les cliniques psychiatriques et de soins de suite qui appartenaient à sa filiale Clinea. Le groupe veut ainsi se positionner comme un acteur qui « prend soin des personnes fragilisées », à différentes étapes de la vie, avec des passerelles entre ses établissements agissant dans la santé mentale, physique ou le grand âge.

Mais les établissements – un millier dans le monde dont 358 en France – garderont l’appellation sous laquelle ils sont connus localement (par exemple Les Citronniers, à Roquebrune-Cap-Martin, ou Les Rives-Saint-Nicolas, à Caen).

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Le groupe assure ne pas avoir de problème d’attractivité, malgré le scandale. Sur le plan des ressources humaines, l’accent a été mis sur le recrutement, l’amélioration des rémunérations et des conditions de travail, avec un recul de 20 % du nombre d’accidents du travail, généralement élevé dans le secteur, a déclaré M. Guillot lors d’une conférence de presse à Paris.

Le groupe a rétabli le dialogue social et signé à l’été 2023 un accord avec les syndicats prévoyant des mesures en faveur des salariés, une première en quinze ans.

Ce changement de nom veut aussi « rendre [sa] fierté » au personnel, affecté par le scandale juste après les « années extrêmement difficiles du Covid », selon le dirigeant, arrivé à la tête du groupe en juillet 2022 après une carrière à Saint-Gobain.

Dans ce secteur en crise, l’autre grand groupe privé d’Ehpad, Korian, avait lui aussi annoncé un changement de nom, en avril 2023, pour devenir Clariane. Il a dû aussi faire l’objet d’un plan de sauvetage en raison de son endettement élevé.

Lire aussi l’enquête : Article réservé à nos abonnés Le groupe d’Ehpad Emera dans la tourmente judiciaire, deux ans après le scandale Orpea

Le Monde avec AFP

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