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Des résidents participent à un atelier avec un chien à la maison de retraite (EHPAD) Le Sablonat à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 16 juin 2022. (Photo d’illustration)

S’occuper seule à 90 ans d’un caniche qui en compte bientôt dix-sept et qui n’a plus toute sa forme, « ce n’est pas toujours une partie de plaisir, grommelle Huguette. Hier, j’ai dû descendre au SPAR parce qu’on n’avait plus de poulet et que je sais qu’il refuse de manger ses croquettes dans ces cas-là. Descendre, ça va, mais monter… » Malgré ses caprices qui ne lui rendent pas la vie facile, le petit compagnon Charlie occupe pourtant une place importante dans la vie d’Huguette. Surtout depuis que son mari, Pierre, les a quittés tous les deux, il y a six ans.

« Charlie est mon confident, mon soutien, renchérit-elle. Quand je vais mal, il me regarde, insiste. Alors je suis souvent bien obligée de me lever pour aller jouer avec lui, parce que je ne voudrais pas qu’il attrape le bourdon, lui aussi. Parfois, c’est drôle, j’ai l’impression qu’il ressent tellement de choses. Je me dis qu’il ne peut pas être juste un chien, ce n’est pas possible. »

Les enfants d’Huguette n’habitent pas la porte à côté. Mais aller s’installer en maison de retraite n’est pas une option. « Et devoir me séparer de Charlie ?, s’exclame Huguette. C’est inimaginable. Sans moi, il se laisserait mourir. Et je pense que moi aussi. »

Le texte doit encore être discuté

Pour Huguette, comme pour d’autres seniors, un nouveau droit va être octroyé, possiblement dès le printemps 2024 : celui d’emmener avec eux leur animal de compagnie quand elles se rendent en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des personnes âgées et des personnes handicapées, l’a promis vendredi 1er mars, annonce confirmée dans la foulée par la ministre du travail, de la santé et des solidarités, Catherine Vautrin, sur son compte X.

Dans le prolongement de l’amendement du député Les Républicains Philippe Juvin (Hauts-de-Seine), le texte, intégré à la proposition de loi sur le « bien vieillir », doit être discuté en commission mixte paritaire (CMP) le 12 mars à l’Assemblée nationale. La ministre déléguée a précisé que cette règle pourrait s’imposer à tous les établissements, publics comme privés.

Lire le décryptage | Article réservé à nos abonnés Le Sénat ampute la proposition de loi « bien vieillir » de dispositions qui ciblaient les Ehpad lucratifs

Si les animaux de compagnie sont couramment acceptés dans les résidences avec services et les résidences autonomie, cela reste plus rare dans les Ehpad. Le groupe ABCD, implanté dans le Val-de-Marne, fait partie des exceptions. Les animaux des résidents sont admis dans ses quatre établissements « depuis très longtemps, simplement car c’est l’application d’un droit citoyen », selon le directeur Pascal Champvert, aussi président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA).

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