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A deux pas de la Maison de la Radio à Paris, au 60, rue Jean-de-la-Fontaine précisément, l’hôtel Mezzara, construit en 1910 par l’architecte Hector Guimard (1867-1942), fait figure, derrière ses persiennes closes, de belle endormie du 16e arrondissement parisien. Ce bijou Art nouveau de 750 mètres carrés (répartis sur quatre niveaux) est vide et sans affectation depuis que les pensionnaires de l’internat du lycée public Jean-Zay ont quitté les lieux en 2015. Les amoureux du patrimoine y voient l’endroit rêvé pour ouvrir le Musée Guimard qui manque à Paris… La capitale ne doit-elle pas au célèbre architecte ses entrées de métro connues dans le monde entier ?
Du grand hall orné d’un vitrail zénithal aux tons pastel à l’escalier à garde-corps métallique habillé de fonte à motifs végétaux, en passant par la salle à manger en bois de poirier, ce chef-d’œuvre oublié du maître de l’Art nouveau, tout en courbes et en contre-courbes, recèle de multiples trésors. Sans oublier le jardin de 700 mètres carrés à l’arrière du bâtiment. C’est Paul Mezzara, un industriel du textile d’origine vénitienne qui le fit construire : mais il n’y vécut que deux ans, de 1911 à 1913, en raison de son divorce.
L’hôtel Mezzara, remarquablement conservé, a traversé le XXe siècle sans dommage. Il fut vendu en 1930 aux trois sœurs Lacascade, qui en firent un cours d’enseignement privé, puis en 1956 à l’Etat, qui y installa un foyer de lycéennes. L’hôtel particulier est aujourd’hui le seul immeuble signé d’Hector Guimard qui appartienne à l’Etat.
Des années de bataille
Nicolas Horiot, président de l’association Le Cercle Guimard, se bat depuis une dizaine d’années pour sa transformation en musée. « Aujourd’hui, toutes les conditions sont réunies pour créer, à l’hôtel Mezzara, le Musée Guimard qui permettrait à Paris de redevenir l’une des grandes capitales de l’Art nouveau, aux côtés de Barcelone avec Antoni Gaudí ou de Bruxelles avec Victor Horta. C’est une occasion unique, à saisir absolument », s’enthousiasme-t-il.
Depuis 2018, cet architecte de 52 ans fait équipe avec un autre jeune quinquagénaire, lui aussi tombé sous le charme de l’hôtel Mezzara : l’entrepreneur Fabien Choné, cofondateur de Direct Energie, aujourd’hui propriété du groupe Total, président de la société de conseils et d’investissements Fabelsi. Polytechnicien, diplômé de l’Ecole nationale des ponts et chaussées, ce passionné d’Art nouveau a créé Hector Guimard Diffusion, pour mener à bien le projet de musée dans lequel il se dit prêt à investir 5 millions d’euros.
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