samedi, mai 18

Il pleut souvent à Singapour. En mars, une averse exceptionnelle s’est abattue sur la cité-Etat du Sud-Est asiatique : une pluie de paillettes a fait scintiller les alentours du Stade national, où Taylor Swift a donné six concerts, entre le 2 et le 9 mars. Partout, des paillettes : sur les jupes et les paupières, sur les peaux et les chapeaux, sur les santiags et les hijabs d’un public venu de tous les coins du sous-continent pour acclamer la pop star planétaire – elle-même pailletée de pied en cap, durant la majeure partie du spectacle.

Lire la critique : Article réservé à nos abonnés Taylor Swift met à nu ses tourments avec « The Tortured Poets Department »

L’étape singapourienne du « Eras Tour », ainsi que s’intitule la tournée la plus lucrative de l’histoire, était la dernière avant sa halte à Paris La Défense Arena, du 9 au 12 mai, puis au Groupama Stadium, près de Lyon, les 2 et 3 juin. Comme tous les autres, ces concerts affichent complet depuis la mise en vente des billets, il y a près d’un an. Singapour était aussi l’ultime arrêt avant la publication, le 19 avril, du onzième album de l’Américaine, The Tortured Poets Department, qui caracole depuis aux cimes des hit-parades mondiaux.

Ainsi va le carrosse de la fée Taylor : là où il passe, il altère le cours ordinaire des choses, laissant derrière lui, de records en tours de force, comme une traînée de poussière dorée. Combien de sortilèges, au juste, prête-t-on à la chanteuse de 34 ans ? A en croire certains politologues, elle pourrait influer sur les élections aux Etats-Unis, début novembre. Par sa capacité à mobiliser l’électorat jeune, statistiquement plus démocrate et abstentionniste que la moyenne, d’abord ; par la cote d’amour qu’elle conserve parmi les amateurs de country, réputés conservateurs, ensuite.

Les économistes, eux, lui attribuent le don de doper la croissance des villes qu’elle visite, tant la ruée vers Taylor drainerait des touristes par nuées. Et pas n’importe lesquels : surtout issus des classes moyennes ou aisées, les « swifties », ainsi qu’on désigne ses fans, sont particulièrement prompts à la dépense.

D’après une indiscrétion du premier ministre thaïlandais, jaloux du jackpot singapourien, la cité-Etat aurait versé près de 18 millions de dollars aux producteurs pour s’octroyer l’exclusivité de ses concerts dans la région. Une bagatelle, si on les rapproche des 400 millions de dollars qu’ils auraient rapportés à Singapour, soit une hausse de 0,3 % du PIB, selon les estimations des banquiers locaux. A peine ses bottes posées sur la scène du Stade national, le 3 mars, la chanteuse a d’ailleurs mis les pieds dans le plat : « Qui parmi vous a voyagé pour venir ici ? », apostrophe-t-elle. Les clameurs de la foule ne laissent guère de doute : la majorité des 360 000 spectateurs ayant assisté aux six concerts ne sont pas autochtones.

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