dimanche, mai 19
La police mène une opération pour déloger des militants occupant des arbres pour protester contre le projet d’autoroute A69, à la « zone à défendre » (ZAD) de Crem’Arbre à Saïx (Tarn), le 22 février 2024.

Sur le terrain ou à l’Assemblée nationale, le face-à-face se poursuit entre l’Etat et les opposants au projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres (Tarn). Mardi 7 mai, le préfet de la région Occitanie, Pierre-André Durand, et celui du département du Tarn, Michel Vilbois, ont été questionnés par les députés de la commission d’enquête consacrée au montage juridique et financier de cette infrastructure de 53 kilomètres. Dès son propos introductif, M. Durand est revenu sur le contexte de tensions. « Il n’est pas choquant dans un Etat de droit qu’un projet fasse l’objet de contentieux, c’est parfaitement légitime. (…) Je ne suis pas choqué non plus que des citoyens souhaitent manifester, a-t-il précisé. En revanche, là où il y aura toujours (…) la plus grande fermeté, c’est quand il y aura des actions délinquantes, voire terroristes. J’utilise le mot à dessein. »

Un vocabulaire qui rappelle celui de Gérald Darmanin. Le 30 octobre 2022, le ministre de l’intérieur avait employé le mot « écoterroriste » pour évoquer les manifestations contre les mégabassines de Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Autour du chantier de l’A69, plusieurs dégradations de matériels ont été constatées depuis un mois. Dans la nuit du 16 au 17 avril, quatre engins de chantier ont été incendiés sur la commune de Saïx (Tarn). Une action revendiquée par une section du GIEC, le Groupe d’intervention pour l’extinction des chantiers.

Dimanche 5 mai, un autre engin a été brûlé à Puylaurens (Tarn). Celui-ci était situé sur un terrain longeant la RN 126 et appartiendrait à EHTP, une filiale du groupe NGE, le constructeur de l’autoroute. Une enquête a été ouverte par le parquet de Castres. Sans doute en référence à l’action de Saïx, M. Durand a décrit, mardi, devant la commission, les agissements d’une « trentaine de personnes, vêtues de noir, masquées ».

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Depuis que les opposants pacifistes sont descendus des arbres dans lesquels ils s’étaient perchés, notamment dans le bois de la Crémade, une opposition plus radicale cible les chantiers. Début mars, plusieurs messages sur les réseaux sociaux avaient appelé à « intensifier les actions » contre NGE. « Nous voulons contribuer à créer un climat de peur (…) en solidarité à la lutte contre l’A69. Nous demandons, comme d’autres collectifs, un moratoire sur la construction de l’autoroute », avait écrit une autre section du GIEC, le 21 mars. Les activistes dénoncent aussi la violence des forces de l’ordre.

Fermes photovoltaïques

Dans un document diffusé lundi 6 mai, le collectif La Voie est libre a indiqué qu’un de ses membres avait été interpellé chez lui, jeudi 25 avril, par plusieurs gendarmes qui l’ont plaqué au sol. « Résultat de cette violence gratuite : une triple fracture au visage, un traumatisme crânien et un choc douloureux au genou que confirmeront les médecins quelques heures plus tard », écrit le collectif qui évoque un « piège tendu par la préfecture du Tarn et le procureur de Castres ». Condamné en comparution immédiate à dix mois de prison avec sursis, l’homme a fait appel. Interrogée par Le Monde, la préfecture du Tarn a expliqué que cette « opération judiciaire est en cours » et n’a pas souhaité apporter plus de commentaires.

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