mercredi, mai 8
Une vache a été mise dans un enclos d’isolement pendant 21 jours par mesure de précaution contre l’épidémie de grippe aviaire, dans une ferme de Rockford, en Illinois, le 9 avril 2024.

Si la grippe aviaire est un risque sanitaire identifié de longue date, le niveau d’alerte vient de grimper d’un cran. La propagation croissante du virus influenza aviaire est une « énorme inquiétude », a averti le docteur Jeremy Farrar, directeur scientifique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), jeudi 18 avril, lors d’une conférence des Nations unies sur les maladies transmissibles, à Genève. « Le H5N1 est une infection grippale qui a débuté principalement chez les volailles et les canards et qui s’est propagée efficacement au cours des deux dernières années pour devenir une zoonose – une pandémie animale – mondiale », a rappelé cet expert mondialement reconnu des maladies infectieuses.

Neuf jours plus tôt, l’organisation onusienne se montrait pourtant plus rassurante. Elle jugeait le risque de santé publique « faible pour la population générale » et le risque d’infection « faible à modéré pour les personnes exposées professionnellement », compte tenu du fait que « le virus n’a pas acquis de mutations qui facilitent la transmission entre humains et sur la base des informations disponibles ».

Une rupture de ton révélatrice de la difficulté, pour les experts, à mettre en balance les éléments rassurants et les éléments inquiétants de l’épizootie. Les faits inquiétants d’abord. Ils sont liés à la souche H5N1 du virus, identifiée pour la première fois en 1996 chez une oie sauvage en Chine. Depuis 2020, le nombre de foyers frappés explose chez les oiseaux sauvages et domestiques. Et le rang des mammifères touchés ne cesse de grossir, partout à travers le monde.

Dernière espèce atteinte : les bovins. Depuis environ un mois, l’infection s’étend dans les élevages de vaches laitières aux Etats-Unis. Des contaminations inédites car jusqu’à présent, ces ruminants étaient considérés comme « les mammifères les moins sensibles aux virus de la grippe aviaire », note Gilles Salvat, directeur de la recherche de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

Evolution très rapide

Mais ce virus évolue très vite. La crainte, a souligné Jeremy Farrar, est qu’il « développe la capacité à infecter les humains et, ultime étape critique, qu’il parvienne à se transmettre d’un humain à un autre ». Pour l’heure, aucun virus de la grippe aviaire n’a acquis cette capacité. « Pour que ce virus puisse se transmettre d’humain à humain, il faudrait qu’au moins deux mutations surviennent dans un de ses gènes, le gène de l’hémagglutinine », précise Bruno Lina, membre du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars).

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