dimanche, mai 5

Favorables à une « alternance » ou inquiets pour une démocratie « menacée » par la montée du populisme, les Portugais votent dimanche pour des législatives où, après huit ans de gouvernement socialiste, l’opposition de centre droit fait figure de favorite.

A trois mois des européennes, ces élections au Portugal pourraient confirmer que la droite radicale a le vent en poupe à travers le Vieux Continent, comme l’ont montré les électeurs italiens ou néerlandais.

Le pays ibérique était un des rares en Europe à être dirigé par la gauche lorsque le Premier ministre sortant Antonio Costa, 62 ans, a démissionné début novembre en renonçant à briguer un nouveau mandat après avoir été cité dans une enquête pour trafic d’influence.

« L’alternance démocratique est positive », a affirmé à l’AFP Tomas Almeida, un entrepreneur de 25 ans qui a voté dans un lycée du centre de Lisbonne, en saluant l’engagement du chef de l’opposition à « ne pas s’allier à l’extrême droite » pour s’emparer du pouvoir.

« Ces élections sont complètement différentes des autres car, pour la première fois, notre démocratie est menacée », s’est inquiété pour sa part Sofia Manuel, une programmatrice de 34 ans, alors que le Portugal commémorera le mois prochain le 50e anniversaire de la Révolution des Œillets, qui a mis fin à une dictature fasciste presque aussi longue.

– « Tranquille et optimiste » –

Plusieurs sondages réalisés à la sortie des urnes seront diffusés par les médias à 20H00 et les résultats officiels du scrutin, auquel sont appelés à participer 10,8 millions d’électeurs, seront annoncés plus tard dans la soirée.

Le taux de participation jusqu’à midi s’est établi à 25,21%, en hausse par rapport aux dernières législatives (23,27%), a annoncé l’administration électorale.

« Je suis très tranquille et très optimiste », a déclaré après avoir voté à Espinho, près de Porto (nord), le leader de l’Alliance démocratique (AD) de centre droit Luis Montenegro, 51 ans.

A l’approche du vote, sa formation était en tête des sondages avec un peu plus de 30% des intentions de vote et une mince avance sur le Parti socialiste (PS), qui s’est regroupé autour de Pedro Nuno Santos, 46 ans.

Troisième force politique depuis les élections de 2022, que le PS avait remportées avec une majorité absolue, le parti antisystème Chega (Assez) dirigé par André Ventura, 41 ans, pourrait plus que doubler son précédant score de 7,2%.

Selon les enquêtes pré-électorales, l’ensemble de la droite (composée par l’AD, Chega et l’Initiative libérale) devrait être majoritaire dans le prochain Parlement.

Mais Luis Montenegro, longtemps député puis chef de groupe parlementaire, a d’ores et déjà exclu de former un gouvernement avec le soutien de l’extrême droite, au risque de provoquer une impasse s’il n’atteint pas la majorité des 230 sièges même en s’alliant avec les libéraux.

– « Changements démographiques » –

Pedro Nuno Santos, un ancien ministre issu de l’aile gauche du PS, a de son côté appelé dimanche  les Portugais à « voter en masse » pour que le pays continue à « avancer ».

Le populiste André Ventura a lui fait campagne  en accusant les deux grands partis du centre, qui se partagent le pouvoir depuis l’avènement de la démocratie, d’être « les deux faces d’une même pièce qu’il faut combattre ».

Ce professeur de droit et ancien commentateur de football, connu pour ses attaques xénophobes contre la minorité tsigane, a lui aussi voté en fin de matinée dans une école de la capitale.

« Avec tous les changements sociaux, démographiques et économiques, les Portugais sentent qu’ils doivent voter et qu’ils ont un mot à dire sur les choix » politiques », a-t-il affirmé dimanche en disant s’attendre à une hausse de la participation.

Malgré l’assainissement des finances publiques, une croissance supérieure à la moyenne européenne et un chômage au plus bas, le bilan du gouvernement socialiste est terni par l’inflation, les dysfonctionnements des services de santé et des écoles, ainsi que par une importante crise du logement.

A cela s’est ajouté une série de scandales de corruption, qui a fini par faire tomber Antonio Costa, et un doublement de la population immigrée en l’espace de cinq ans, deux thèmes porteurs pour l’extrême droite.

bur-tsc/cr

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