samedi, mai 18
Le président russe, Vladimir Poutine, à Moscou (Russie), le 25 avril 2024.

Cela fait un quart de siècle que Vladimir Poutine profite des erreurs des Etats-Unis au Moyen-Orient pour reconstituer méthodiquement la puissance de son pays dans cette région, mais aussi en Europe. Le président russe a ainsi, dès 2001, justifié sa répression féroce du nationalisme tchétchène en l’associant à la « guerre globale contre la terreur » de George W. Bush.

Dix ans plus tard, il a lancé contre la révolution syrienne sa propre « guerre contre le terrorisme » avec le soutien de la République islamique d’Iran. Lorsque Barack Obama refuse, en 2013, de frapper Bachar Al-Assad, malgré les bombardements chimiques de Damas, le maître du Kremlin comprend qu’il peut, six mois plus tard, passer à l’offensive contre l’Ukraine, d’abord en annexant la Crimée, puis en alimentant la guerre du Donbass.

Lorsque Poutine décide d’intervenir directement en Syrie, en 2015, il y approfondit la collaboration avec l’Iran, notamment en matière de drones, collaboration qui lui est précieuse, en 2022, lors de l’invasion généralisée de l’Ukraine. Les techniques de guerre développées et banalisées en Syrie sont en outre dévastatrices en Ukraine.

Neutraliser Nétanyahou sans décourager l’Iran

Les dirigeants occidentaux ont pourtant continué de traiter l’Europe et le Moyen-Orient comme deux théâtres bien distincts, alors même que Poutine savait si habilement jouer sur ces deux tableaux.

Washington n’a même pas réagi au piège qui a fini par se refermer à la frontière nord d’Israël : Benyamin Nétanyahou s’est en effet convaincu que seul Moscou pouvait endiguer l’interventionnisme de Téhéran en Syrie, avant de réaliser, mais trop tard, qu’Israël devait agir directement et dépendait désormais de l’aval de la Russie pour mener de telles frappes. Cette vulnérabilité sans précédent d’Israël explique, depuis 2022, son absence de tout soutien militaire à l’Ukraine, malgré les demandes pressantes de Kiev face aux vagues russes de bombardements d’infrastructures civiles par des drones de fabrication iranienne.

Cela n’a pourtant pas empêché Volodymyr Zelensky d’afficher une solidarité sans faille avec Israël, le 7 octobre 2023, après les attaques du Hamas. Mais Nétanyahou a alors refusé de l’accueillir, afin, une fois encore, de ne pas indisposer Poutine. Le premier ministre israélien n’a pas non plus dissuadé ses alliés « sionistes chrétiens » au Congrès américain de continuer de bloquer l’aide à l’Ukraine, tout en votant une assistance exceptionnelle à Israël. L’armée russe a grandement profité de ce blocage durant six mois, intensifiant sa pression sur l’Ukraine sur tous les fronts.

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