lundi, mai 6

Le baril de poudre est en place, il ne reste plus qu’à allumer la mèche. Les Républicains (LR) se questionnent : le temps est-il venu d’embraser le Parlement en tentant de renverser le gouvernement ? Près d’un an après la motion de censure qui manqua, à neuf voix près, de faire tomber le gouvernement lors de l’examen de la réforme des retraites, une large partie de la droite se dit prête à passer à l’acte. « On est très remontés », assure le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau. Le sujet est assez abouti pour avoir été évoqué lors de la réunion de groupe des députés du parti de droite, mardi 2 avril. « Préparez-vous ! », leur ont enjoint Eric Ciotti, président du mouvement, et Olivier Marleix, le patron du groupe.

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L’ire des Républicains, bouillonnante depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022, a franchi un cap après l’annonce, fin mars, du dérapage du déficit public, à 5,5 % du PIB. « Avec les finances publiques, on touche aux intérêts vitaux de la France », fait valoir l’entourage du président du Sénat, Gérard Larcher, qui indique que la question de la motion de censure « se pose ».

Une mise en garde formelle a été adressée, par un courrier signé d’Eric Ciotti au premier ministre. « Nos marges de manœuvre collective pour choisir librement notre destin seront bientôt réduites à néant », écrit le député des Alpes-Maritimes dans la missive, datée du 29 mars. Le patron des Républicains, qui assurait en 2022 préférer Eric Zemmour à Emmanuel Macron, parle de l’« irresponsabilité » et de l’« insincérité » du gouvernement. « Vous aurez à en rendre compte devant la représentation nationale lors de la présentation de la prochaine loi de règlement du budget et d’approbation des comptes de l’Etat pour 2023 », prévient-il. La motion de censure pourrait être déposée à l’occasion d’un projet de loi de finances rectificative (PLFR) censé combler, avant la pause estivale, le trou des finances publiques, ou à l’automne, lors de l’examen du budget 2025. Faute de majorité, ces textes sont voués à être adoptés par 49.3.

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« Un jour, il y aura un moment de vérité »

Les 58 signatures requises pour la motion de censure seraient à portée de main, dit-on chez LR, malgré plusieurs réfractaires parmi les 61 députés du groupe. Et peu importe le chaos politique induit par ce coup de tonnerre à même de gâcher le rare moment de concorde nationale espéré avec les Jeux olympiques. « La motion passera un jour et ce jour n’est peut-être pas aussi lointain qu’on ne le pense. Sur les problèmes budgétaires, les LR sont unis », anticipe Charles de Courson, député LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) de la Marne, à l’origine de la précédente motion. Au Rassemblement national (RN), le député Jean-Philippe Tanguy prévient que le parti d’extrême droite apportera « bien sûr » ses voix à une telle initiative.

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