lundi, mai 6

Elle n’aura duré que quatre jours. Au lendemain de la « mise en retrait » de sa vice-présidente accusée d’agression sexuelle, c’est au tour du président de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), Sébastien Boueilh, de jeter l’éponge, jeudi 9 février, avec « [ses] profonds regrets ».

« Depuis ma nomination le 11 décembre 2023, je suis la cible de calomnies, d’attaques personnelles, et la commission a fait l’objet de controverses qui ne permettent pas la sérénité nécessaire à la réalisation de ses missions », écrit l’homme de 45 ans, victime de viols pendant son enfance, dans un communiqué lapidaire envoyé dans la soirée. L’ancien rugbyman, fondateur de l’association Colosse aux pieds d’argile, qui fait de la prévention aux violences sexuelles en milieu sportif, se dit également « soucieux avant tout de l’intérêt supérieur des enfants, et tout particulièrement des enfants victimes d’inceste et de violences sexuelles, désireux que la commission puisse poursuivre ses travaux dans un climat favorable ».

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Installée lundi 5 février par la ministre des solidarités, Catherine Vautrin, la Ciivise 2 a juste eu le temps de présenter à la presse sa nouvelle équipe et ses futures orientations, avant d’être rattrapée par le scandale. Dès le lendemain, une plainte pour « agression sexuelle par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction » visant sa vice-présidente, la médecin légiste Caroline Rey-Salmon, était déposée et médiatisée. La jeune femme qui en est à l’origine y dénonce les conditions traumatisantes de l’examen gynécologique effectué en 2020 à l’unité médico-judiciaire où elle avait été envoyée à la suite d’une dénonciation d’inceste.

La pérennité de l’instance en question

Interrogé dans l’émission télévisée « Quotidien » sur cette affaire, Sébastien Boueilh avait réagi mardi soir en apportant son « soutien » à Caroline Rey-Salmon. « Tant mieux si la victime a porté plainte. Je pense que Caroline le fera aussi et la justice tranchera », avait-il ajouté. Cela avait suscité l’émoi de certaines victimes et de membres anciens et actuels de la Ciivise, voyant dans ces propos une remise en cause de la mission d’accompagnement et d’écoute des victimes de la Commission. Le lendemain, un communiqué de la Ciivise faisait part de la décision de Mme Rey-Salmon de se « mettre en retrait » le temps de l’enquête, afin de préserver « la sérénité des travaux » à venir.

Sérénité toute relative cependant ; après le travail important de recueil de témoignages et les préconisations faites pendant trois ans par la première équipe, la décision du gouvernement, fin novembre, de changer ses membres et d’élargir ses missions, avait fortement inquiété. Plusieurs voix s’étaient élevées, en vain, pour demander le maintien du juge Edouard Durand à la tête de l’instance, dont l’engagement fort et les préconisations audacieuses concernant notamment la prise en charge judiciaire des victimes étaient unanimement salués.

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