dimanche, mai 19

Alcool, cannabis, mais aussi cocaïne, MDMA voire crack ou héroïne… Les prisons françaises sont loin d’être épargnées par la consommation (et donc le trafic) de drogues et de produits interdits. Elles ne sont pas, pour autant, des zones où l’on se drogue librement. Ce sont les principaux enseignements d’une enquête inédite menée par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) et dont Le Monde révèle les résultats.

Le constat de prisons sous l’emprise des drogues est régulièrement illustré par les témoignages de détenus, les alertes lancées par les surveillants pénitentiaires, ou encore les chiffres des saisies. Le travail de l’OFDT offre désormais une traduction statistique, précise et actualisée de cette réalité qui semble encore perçue comme étouffée derrière les portes des établissements pénitentiaires.

Les chercheurs de l’OFDT ont interrogé, par questionnaire auto-administré, un panel de 1 094 hommes détenus, pour réaliser la première « Enquête sur la santé et les substances en prison » (baptisée de l’acronyme Esspri) publiée ce lundi 6 mai. « Il fallait objectiver un débat permanent », souligne Stanislas Spilka, responsable scientifique de l’étude à l’OFDT, et ce, afin de réaliser la photographie la plus nette possible. « Depuis les années 1970, poursuit-il, les débats tournaient beaucoup sur les usages à risques, liés aux injections, ou au virus du Sida, mais aujourd’hui, et les données le prouvent, nous sommes dans un autre contexte. »

« Enjeu de santé publique majeur »

Les premiers effluves émanant de ces réponses, comme des fenêtres des cellules, sont celles d’un produit légal, certes, mais extrêmement nocif. D’après l’enquête, 73 % des détenus sont des fumeurs réguliers de tabac (soit 2,5 fois plus qu’en population générale), grillant leur santé autant que leur maigre pécule, puisque le prix d’un paquet (autour de 11 euros) est le même en prison alors que les détenus ont, en moyenne, 250 euros mensuels pour cantiner. « Cette consommation de tabac très importante, premier point saillant de l’étude, constitue un enjeu de santé publique majeur », souligne Melchior Simioni, sociologue et chargé d’étude à l’OFDT.

Parmi les produits interdits consommés, la prépondérance du cannabis ne fait aucun doute. La proportion de détenus faisant un usage quotidien de cette drogue s’élève à 26 %. Une donnée huit fois plus importante que celle concernant la population générale. Comme pour la majorité des substances recensées par l’étude, ce sont les moins de 35 ans qui consomment plus que leurs aînés, avec 35 % de fumeurs quotidiens, contre 15 % pour les plus de 35 ans.

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