samedi, avril 27

Pour la plupart des automobilistes, le mouvement reste peu perceptible. Mais dans certaines zones rurales, trouver une pompe devient de plus en plus difficile. Fragilisées par l’inflation et la concurrence des moyennes et grandes surfaces, 122 stations-service traditionnelles, celles que l’on trouve en centre-ville, en zone périurbaine ou dans la campagne, ont baissé le rideau en 2023, selon le bilan annuel de l’Union française des industries pétrolières, publié le 12 mars. Et 234 au total ces quatre dernières années. Il reste aujourd’hui 5 673 distributeurs traditionnels en activité et 5 247 stations adossées à des supermarchés et des centres commerciaux, représentant respectivement 38 % et 62 % des parts de marché en volume.

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« Depuis la libéralisation des prix de l’essence dans les années 1980, on vit la concurrence des grandes surfaces », explique Francis Pousse, président de la branche de la distribution de carburants chez Mobilians, syndicat professionnel qui défend les réseaux traditionnels et regroupe 40 % des stations d’essence hors grande distribution. Mais cela s’est encore intensifié ces deux dernières années. Dans un contexte de forte inflation des prix des produits énergétiques, les grandes enseignes alimentaires ont multiplié en 2023 les ventes à prix coûtant. « Ils utilisent le carburant comme produit d’appel », affirme M. Pousse.

Les indépendants peuvent très difficilement s’aligner sur ces prix. « Comme ils distribuent de faibles volumes, ils sont dans une position d’achat beaucoup moins favorable », justifie M. Pousse. Ceux qui sont en location-gérance (plus d’un quart des indépendants) doivent, en plus, vendre au prix défini par la compagnie pétrolière à laquelle ils louent leur fonds de commerce.

Bornes de recharge électriques

A cela s’ajoutent des volumes de ventes en baisse structurelle. « Le chiffre d’affaires des détaillants de carburants reculera de 4 % en 2024, après une baisse de 6 % l’année passée », indique le cabinet Xerfi dans une étude parue début 2024. Selon M. Pousse, la survie passera par la diversification : installation de bornes de recharge électriques, échange de batteries pour vélos électriques, livraison de colis, distribution de produits locaux, vente de billets de train…

Lire le reportage | Article réservé à nos abonnés « Faire de l’essence, c’est devenu un vrai casse-tête », dans le Gard, la crainte d’une pénurie ravive les tensions aux stations-service

Ainsi, l’Agence de la transition écologique finance à hauteur de 70 % l’installation de bornes de recharge électriques dans les stations-service indépendantes situées en zone intermédiaire ou rurale. Le modèle économique associé est toutefois difficile à quantifier. A fortiori dans les zones rurales de faible passage, alors que la recharge se fera principalement à domicile ou à destination, au bureau ou le temps des courses, et peu en itinérance, compte tenu du temps de recharge, de vingt à trente minutes.

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