dimanche, avril 28

De nombreux food trucks souhaitent obtenir un emplacement près des sites de compétition des JO.
Mais des escrocs ont profité de cet engouement pour soutirer de l’argent aux restaurateurs.
Selon les informations de TF1, plus de 100 victimes ont déjà été recensées en France, pour des sommes allant de 5.000 à 20.000 euros.

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Le 20h

C’est la nouvelle combine des escrocs à l’approche des Jeux olympiques de Paris 2024. Ces derniers font miroiter aux restaurateurs de faux emplacements de food truck sur les sites où se dérouleront les compétitions, ou encore au cœur du village olympique. Pour réserver ces places privilégiées, les victimes sont invitées à verser un acompte pouvant s’élever à plusieurs milliers d’euros. 

Abderrahmane Ajmik, restaurateur à Nevers (Nièvre), a d’abord cru à cette promesse alléchante : un emplacement en plein cœur du village olympique. Pour lui, les Jeux représentaient une opportunité en or de faire fructifier son commerce, un food truck qui propose des kebabs, tacos et burgers.

Une arnaque bien rodée

« Ils m’ont dit qu’il y aurait 40.000 passages par jour, et comme je leur ai dit, c’est vraiment énorme », confie-t-il à TF1 dans le reportage du 20H à retrouver en tête de cet article. Le restaurateur avait même prévu d’embaucher quatre personnes. Si Abderrahmane Ajmik a failli mordre à l’hameçon, c’est parce que l’arnaque est parfaitement rodée. Après un premier contact par téléphone, on lui annonce que son dossier est retenu et il reçoit un contrat.

En tête du document figurent les logos des JO de Paris 2024. Même l’adresse mail semble crédible. Elle reprend le nom d’une personne qui travaille dans l’organisation des Jeux olympiques. Mais pour réserver son emplacement, Abderrahmane doit payer un acompte, qui s’élève à 15.660 euros. Là aussi, le document semble authentique, mais c’est l’insistance de son interlocuteur qui va le faire douter.

De faux documents envoyés par mail

« Il parlait très bien au téléphone, comme un vendeur de tapis, il peut vous vendre tout et n’importe quoi. Il a bien insisté tous les jours, m’a harcelé au téléphone du matin au soir », se rappelle Abderrahmane Ajmik, qui a alors flairé l’arnaque.

Comme l’expliquait la commissaire Magali Caillat, sous-directrice de la lutte contre la criminalité financière (SDLCF), à l’AFP, les escrocs démarchent les commerçants en leur envoyant par courrier ou mail « des brochures ou plaquettes » imitant avec précision « les supports de publicité ou de communication du comité d’organisation des jeux olympiques et paralympiques » (Cojop). Dans plusieurs cas, les noms de domaines utilisés par les escrocs se terminaient par @france-paris2024.org et non par l’officiel @paris2024.org.

Les victimes sont invitées par les escrocs à verser un acompte, « entre 5.000 et 7.000 euros en moyenne », selon la commissaire.  Or, pour la location de stands, l’organisateur (Cojop) ne démarche pas les professionnels. Les candidats doivent répondre aux appels d’offres publiés sur le portail « Maximilien », créé pour faciliter l’accès des TPE/PME aux marchés publics liés aux JO. Par ailleurs, « que ce soit pour les artisans restaurateurs ou tout autre opérateur privé commerçant, dans ce contexte du déroulement des Jeux olympiques, il n’y a pas d’acompte à verser », souligne la commissaire Magali Caillat devant la caméra du 20H de TF1.  Auprès de l’AFP, cette dernière précisait que « la facturation s’effectue sous la forme d’une redevance basée sur le chiffre d’affaires à l’issue de l’exploitation ».

« J’ai juste perdu de la marge »

D’autres restaurateurs ont été moins prudents que Abderrahmane Ajmik. En décembre 2023, Joël, qui témoigne anonymement auprès de TF1, a été contacté par les mêmes escrocs et a déboursé plus de 10.000 euros pour réserver son emplacement. « Je me sens idiot de ne pas avoir vu venir le coup », déplore-t-il. Joël avait reçu un mail indiquant que son restaurant avait été visité de manière anonyme et qu’il avait ensuite été présélectionné. « On te propose un stand sur les JO, tu sais que tu vas faire ton chiffre, ça va rattraper ton année. Là, j’ai juste perdu de la marge », regrette-t-il. 

Aujourd’hui, ce type d’arnaque commence à être connu par les food trucks, qui sont de plus en plus vigilants malgré les bénéfices potentiels. « On a un réseau entre food trucks, on est tous soudés et on communique tous, donc on est tous au courant. Malheureusement, il y en a quelques-uns qui se sont fait avoir. Ça en a sauvé d’autres« , admet un restaurateur au micro de TF1.

Des sommes perdues allant de 5 000 à 20.000 euros

Selon les informations de TF1, plus de 100 victimes ont été recensées en France, pour des sommes allant de 5 000 à 20.000 euros. Dans cette affaire, deux hommes ont déjà été interpellés, mais les arnaques continuent, notamment à Nantes et à Marseille.

Chaque signalement est aujourd’hui analysé par la police judiciaire, qui a mis en place une cellule spéciale pour traiter ces arnaques. « On a commencé à détecter ces escroqueries fin 2023 et ça monte en puissance sur tout le territoire », expliquait la commissaire Magali Caillat à l’AFP. « Il y a de fortes chances » que les commanditaires soient « en grande partie issus de la même communauté délinquante », d’origine franco-israélienne, qui pratique l’arnaque aux « faux ordres de virement », ajoutait la commissaire. 

Dans un communiqué publié sur son site, le comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 a annoncé avoir été, avec « son prestataire officiel d’hospitalité, la société On Location », informé « que plusieurs personnes et/ou sociétés se font passer pour des représentants autorisés de Paris 2024 et/ou d’On Location pour encaisser frauduleusement des paiements en contrepartie de prestations labellisées Paris 2024 (par exemple, la location de stands de vente sur les sites olympiques) auprès de restaurants et d’entreprises de restauration en France ». 

Appelant les commerçants à « la plus grande vigilance », Paris 2024 et On Location ont également « déposé des plaintes pénales auprès des autorités compétentes ». « Des enquêtes sont actuellement en cours », a ajouté le Cojop. En cas de suspicion d’arnaque, les commerçants peuvent contacter les organisateurs des JO via l’adresse mail integrityandenforcement@paris2024.org. 


N.K | Reportage TF1 Guillaume Chièze, Corinne Chevreton, Caroline Bayle

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