dimanche, mai 5
Sur le tarmac du terminal 3 de l’aéroport Paris-Orly, le 24 juin 2020.

Corsair est à nouveau dans la tourmente. La Commission européenne a annoncé, lundi 5 février, l’ouverture d’une enquête approfondie sur les modalités du plan de restructuration de la compagnie aérienne spécialisée dans les liaisons vers l’outre-mer, présenté le 18 décembre. Les aides d’Etat sont dans le collimateur de Bruxelles, qui va étudier si elles enfreignent, ou non, les règles de concurrence du secteur : pour se renflouer, Corsair a en effet demandé aux pouvoirs publics d’abandonner ou renoncer à 147 millions d’euros de dette fiscale et sociale. Cette recapitalisation avait déjà été présentée à Bruxelles en 2020. A l’époque, le montant des restructurations s’élevait à près de 137 millions d’euros.

« Circulez, il n’y a rien à voir », balaie Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair. A l’en croire, le renflouement de sa compagnie n’est pas remis en question par l’enquête européenne. « Ce n’est pas une surprise, mais un processus classique, et d’ailleurs nous nous y attendions, fait-il savoir. Nous avons un accord de principe avec l’Etat. Nous avons toute confiance en notre dossier qu’il défendra. »

Si l’Union européenne (UE) donne son aval à l’opération, l’actionnariat de Corsair sera sensiblement modifié. Le pool d’acteurs du tourisme ultramarins et la holding OMRP, qui avait repris Corsair en 2020, devraient être dilués. Le groupe Marietton, holding de tête d’Havas Voyages, déjà actionnaire à hauteur de 10 % de la compagnie, devrait mettre la main à la poche − environ 10 millions d’euros − pour porter sa participation autour de 18 %, selon nos informations. Il deviendra alors le premier investisseur privé de la compagnie.

La République du Congo sera, elle, cantonnée sous les 40 %. La législation de l’UE impose en effet qu’un transporteur aérien proposant des services sur le Vieux Continent ne puisse pas être contrôlé à plus de 50 % par des actionnaires non européens.

Fonds « françafricains »

Mi-décembre 2023, Corsair fut sauvée, in extremis, grâce à un tour de table quelque peu étonnant. Pour reconstituer ses fonds propres, la compagnie n’a pas pu compter complètement sur ses traditionnels investisseurs ultramarins, qui n’ont apporté que 15 millions d’euros, contre 30 millions d’euros en 2020. Pour compenser, M. de Izaguirre a sollicité le Congo-Brazzaville, présidé depuis 1997 par Denis Sassou Nguesso, qui a accepté de verser 15 millions d’euros pour entrer au capital de sa compagnie.

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Avant de faire affaire avec le Congo, le patron de Corsair s’était employé à faire la tournée de l’ancienne « Françafrique » pour solliciter des fonds, accompagné de Nicolas Sarkozy, président du conseil consultatif de la compagnie aérienne française.

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