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Le centre Gaël Fickou (à gauche) et le deuxième-ligne Romain Taofifénua, dimanche 10 mars 2024, à Cardiff, après la victoire des Bleus contre le Pays de Galles.

Technicien reconnu et sélectionneur de l’Ecosse depuis 2017, Gregor Townsend aurait-il également quelques dons de voyance ? « Ce sera, je crois, le Tournoi des six nations le plus compétitif que nous ayons jamais connu. Personne ne va lever le pied au cours des prochaines semaines », prophétisait l’ancien ouvreur de Brive, à la fin de janvier, à quelques jours du coup d’envoi de du Tournoi des six nations. Un mois et demi plus tard, difficile de lui donner tort : à l’aube de la dernière journée, quatre équipes rêvent toujours de soulever le trophée.

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En tête du classement, les Irlandais peuvent encore se faire doubler par l’Ecosse s’ils sortent largement perdants de leur duel face aux hommes de Townsend, samedi 16 mars, à Dublin (17 h 45, heure à Paris). Et si les joueurs de la verte Erin sont défaits, mais de peu, ils s’exposeraient alors à être dépassés sur le fil par la France ou l’Angleterre, qui s’affrontent le même soir (21 heures) au Groupama Stadium de Décines-Charpieu (Rhône).

Les prémices d’un samedi riche en rebondissements ? Peut-être, même s’il sera difficile d’égaler le scénario du week-end précédent. Lancés à pleine vitesse vers un second grand chelem de suite, les Irlandais avaient trébuché dans les derniers instants face à l’Angleterre et un drop de l’ouvreur Marcus Smith (23-22). Une performance imprévisible, tout comme celle des Italiens, quelques heures plus tôt. Les Azzurri étaient parvenus à déjouer les pronostics pour se défaire de l’Ecosse et signer une première victoire à Rome dans le Tournoi depuis 2013 (31-29).

« Ça va vite, dans ce tournoi, d’une journée à l’autre, les tendances peuvent s’inverser rapidement. Il faut rester vigilants », confirmait jeudi, en conférence de presse, Fabien Galthié. Le sélectionneur des Bleus et son équipe ont eux aussi connu leur lot de retournements de situation et de déceptions en concédant le nul contre l’Italie (13-13), après une cinglante défaite face à l’Irlande (38-17).

Si la digestion de la Coupe du monde peut être une raison de ce nivellement général, la tendance n’est pas nouvelle. « Tous les week-ends sont des gros défis dans cette compétition. Le niveau monte tous les ans, et tant mieux pour le Tournoi des six nations, pour qu’il vive plus longtemps », considère le pilier français Uini Atonio. Un avis partagé par son coéquipier, le deuxième-ligne Thibaud Flament. « On le sait depuis quelques années, il n’y a plus de match facile dans le Tournoi. On le voit sur les scores qui sont souvent assez serrés. »

Certaines équipes ont comblé leur retard

Sur les douze premiers matchs de la cuvée 2024 du Tournoi, sept se sont terminés sur un écart de quatre points ou moins (58 %) : du jamais-vu depuis 1985, selon le spécialiste des statistiques sportives, Opta. La compétition ne comptait alors que cinq équipes. La légitimité de l’Italie – serpent de mer depuis la mue du Tournoi en « Six nations », en 2000 – n’est d’ailleurs plus remise en question cette saison.

« Les équipes qui étaient parfois en retard se sont beaucoup structurées. Elles s’enrichissent aussi de l’expertise d’entraîneurs ou d’anciens joueurs qui viennent apporter leur savoir », note également Thibaud Flament, interrogé par Le Monde. A l’image de Gonzalo Quesada, ayant pris place sur le banc de l’Italie après avoir écumé ceux des clubs français (Stade français, Racing 92 et Biarritz).

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Dernier de la classe historique dans la compétition, la Squadra Azzurra laisse – pour l’instant – ce désagréable honneur aux Gallois, battus quatre fois en autant de rencontres. Beau joueur, le sélectionneur du Pays de Galles, Warren Gatland, a apprécié la victoire italienne sur l’Ecosse, même si elle plonge son équipe dans le fond du classement. « C’est une bonne chose pour le Tournoi, ça crée de l’incertitude. Ils vont chercher à atteindre le meilleur classement de leur histoire dans le Tournoi. Et nous, on ne veut pas finir derniers », a ajouté le Néo-Zélandais avant le duel entre les deux sélections (samedi, à 15 h 15, heure à Paris).

Le XV du Poireau n’est pas si loin du compte non plus, en atteste leur première période aboutie face à la France, et leurs courts revers contre l’Angleterre (16-14) et l’Ecosse (27-26). Des « défaites encourageantes » auxquelles Ecossais et Français étaient habitués il y a encore quelques années, avant de se remettre à jouer régulièrement les premiers rôles dans le Tournoi.

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Autre symbole de l’homogénéisation du rugby européen : le classement World Rugby – hiérarchisant les nations mondiales – est au moins aussi serré que celui du Tournoi. De l’Irlande, deuxième derrière l’Afrique du Sud, à l’Italie, neuvième, les six meilleures équipes de l’hémisphère Nord occupent toutes le haut du tableau.

Reste maintenant à savoir laquelle d’entre elles va profiter de cette dernière journée pour décrocher le Tournoi. Déjà visionnaire une fois, Gregor Townsend avait peut-être également le ticket gagnant, rappelant à l’heure de donner ses favoris que « l’Irlande et la France se disputent la première place mondiale depuis quelques saisons ».

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