dimanche, mai 5

La mise en place de groupes en français et en mathématiques au collège pour « élever le niveau des élèves », selon le gouvernement, monopolise le débat éducatif depuis plusieurs semaines. La publication par le ministère de l’éducation nationale, mercredi 20 mars, des indices de valeur ajoutée des collèges et d’une batterie d’indicateurs associés (pourcentage de réussite au brevet, notes aux épreuves écrites) éclaire d’une autre manière l’épineuse question des résultats scolaires des élèves. Le poids du déterminisme social, la concentration des difficultés dans les établissements les plus défavorisés, sautent une nouvelle fois aux yeux, quelle que soit la qualité des enseignements dispensés.

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Les calculs réalisés par Le Monde à partir de la base de données du ministère sont éloquents : le taux médian de réussite au brevet s’élève à 99 % dans les établissements privés sous contrat, à 91 % dans les établissements publics hors éducation prioritaire, à 84 % en éducation prioritaire (REP) et à 81 % en éducation prioritaire renforcée (REP +).

La note médiane aux épreuves écrites du brevet (qui compte pour la moitié de la note finale, l’autre moitié dépendant du contrôle continu) suit la même trajectoire. Il y a près de 4 points sur 20 de différence entre les résultats des établissements privés sous contrat (12,8) et celle des REP + (8,9). Les collégiens issus d’établissement public hors éducation prioritaire obtiennent une note médiane de 11,4 et ceux de REP de 9,8.

21 % des collégiens en REP et REP +

Si on regarde l’indicateur de position sociale (IPS) des différentes catégories de collèges, l’image se précise. Cet outil statistique qui permet de mesurer le profil social d’un établissement scolaire s’étale de 60 à 160. Or, les collèges REP + possèdent un IPS médian de 74, les REP de 85, les collèges publics hors éducation prioritaire de 103 et les établissements privés sous contrat de 116.

Même si la carte de l’éducation prioritaire n’a pas été modifiée depuis dix ans et peut ne plus correspondre aux évolutions sociologiques par endroits, les collèges REP + et dans une moindre mesure les collèges REP, qui scolarisent respectivement 7 % et 14 % des collégiens en France, concentrent ainsi une difficulté sociale qui rejaillit fortement sur le niveau des élèves.

Par-delà les statistiques, les équipes éducatives éprouvent au quotidien ce « combat » à mener. « Quand l’environnement est trop dégradé, nous n’arrivons pas à remplir l’ensemble de nos missions éducatives. En éducation prioritaire, on se donne des priorités, si je puis dire, pour essayer au mieux de sortir nos élèves de l’assignation des quartiers. Absentéisme, situations familiales complexes et parfois violences… On gère en permanence les urgences », remarque Valérie Quéric, secrétaire nationale du SNPDEN-UNSA et principale d’un collège en éducation prioritaire à Rennes.

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