mardi, mai 7
Quentin Bataillon lors des séances hebdomadaires de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, à Paris, le 30 mai 2023.

Sa présence dans l’émission « Touche pas à mon poste » (TPMP) n’a pas tardé à susciter des commentaires acerbes. Le député de la majorité Quentin Bataillon, président de la commission d’enquête sur les fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT), est allé, mardi 2 avril, faire le bilan de ses travaux sur le plateau de l’animateur Cyril Hanouna, qui a lui-même été auditionné par cette commission.

Une intervention critiquée le lendemain à la mi-journée par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui, dans un communiqué, a « tenu à rappeler » que « tant que les conclusions d’une commission d’enquête ne sont pas rendues publiques (…) son président comme son rapporteur et ses membres doivent faire preuve de réserve et de discernement dans leur prises de position et leurs expressions publiques, afin de garantir la sérénité des travaux et la crédibilité des investigations ».

Une séquence est particulièrement commentée : lors de l’émission, M. Bataillon égratigne un animateur concurrent de M. Hanouna, Yann Barthès, qui a lui aussi été entendu par la commission : « Je crois que c’est la première fois que je me suis énervé, il avait une attitude assez arrogante dès le début, il refusait de répondre à nos questions », a-t-il décrit au sujet du présentateur de l’émission « Quotidien » sur TMC. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a taclé M. Bataillon sur sa propre arrogance d’« aller chez Hanouna pour cracher sur Barthès tout en présidant une commission d’enquête sur la TNT ».

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M. Faure a ensuite demandé à ce que M. Bataillon soit « relevé de ses fonctions », arguant qu’il a « participé à la décrédibilisation de l’Assemblée ». Manuel Bompard, le coordinateur national de La France insoumise (LFI), a également demandé la démission de M. Bataillon de la présidence de la commission estimant qu’il « couvre Hanouna, pourtant largement sanctionné par l’Arcom ».

« Démarche expérimentale »

Dans « TPMP », diffusé sur la chaîne C8, M. Bataillon a tenté de faire œuvre de pédagogie au sujet des travaux de la commission, qui a été lancée par les députés LFI à l’automne 2023 pour faire la lumière sur l’attribution des fréquences TNT, dont celles de C8 et CNews, remises en jeu cette année. Son rapporteur, l’« insoumis » Aurélien Saintoul, va rédiger son rapport « seul » d’ici au début de mai, et « j’imagine qu’il sera marqué », a dit l’élu de la majorité présidentielle, en souhaitant « sortir de la chasse aux sorcières, de la chasse aux animateurs, aux journalistes, aux chaînes ».

« Il faut qu’on fasse des recommandations sur le cadre » du choix des titulaires des fréquences, a-t-il appuyé. « On ne rentre pas dans les foyers des gens pour leur dire ce qui est bien, ce qui est mal » et, « parfois, le mépris que certains peuvent avoir pour votre émission se reporte sur ceux qui la regardent », a argumenté le parlementaire.

« J’ai tout fait pour garder les relations les plus cordiales possible » avec M. Saintoul, a ajouté M. Bataillon, alors que les rapports se sont tendus au fil des auditions, de celle de Vincent Bolloré, milliardaire qui contrôle le groupe Canal+, comprenant C8, à celle de la ministre de la culture, Rachida Dati.

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Aurélien Saintoul a, lui, ironisé au sujet de la présence de M. Bataillon dans « TPMP » : « Merci de votre démarche expérimentale pour faire avancer la commission d’enquête », a-t-il écrit sur le réseau social X. « N’oubliez pas de vérifier si on peut désormais nommer, voire critiquer V. Bolloré dans “TPMP” sans risquer de se faire agresser par C. Hanouna », a-t-il ajouté en référence à un épisode de novembre 2022 où le député LFI Louis Boyard, invité de l’émission, avait été insulté en direct. Cela avait entraîné une amende record de 3,5 millions d’euros pour C8.

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Le Monde avec AFP

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