mercredi, mai 8
Nora (Noée Abita) et Alexis Servan (Anders Danielsen Lie), dans « Première affaire », de Victoria Musiedlak.

L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

Nora (Noée Abita), 26 ans, avocate fraîchement diplômée, vit toujours chez ses parents en région parisienne et travaille depuis près d’un an dans un cabinet spécialisé en droit des affaires. Après une nuit blanche passée à faire la fête, elle est envoyée par son patron (François Morel) à Arras, dans le Pas-de-Calais, pour assister, durant sa garde à vue, un certain Jordan Blesy (Alexis Neises), adolescent de 18 ans suspecté du meurtre d’une jeune fille.

Propulsée pour la première fois dans une affaire pénale, Nora, mal à l’aise et quelque peu hébétée, tant par son déficit de sommeil que par son manque d’expérience, est rapidement convaincue de l’innocence de son client. Un avis plus affectif que rationnel. De retour à Paris, elle demande à garder le dossier et à suivre l’instruction.

Loin de se douter de ce qui l’attend, Nora aborde sa mission comme un jeune soldat dont la peur freine à peine les ardeurs. Elle néglige ses autres dossiers, multiplie les allers-retours entre Paris et Arras, apprenant sur le tas, passant outre les règles déontologiques de sa profession. A commencer par celle qui consiste à n’avoir aucune relation privée avec le policier chargé de l’enquête. Ce dernier, ici, se nomme Alexis (Anders Danielsen Lie), homme séduisant et secret dans les bras duquel Nora hésitera à plonger, avant de franchir la ligne rouge et de succomber de manière passionnée.

Atmosphère troublante

Premier long-métrage de Victoria Musiedlak, autrice précédemment de quatre formats courts (dont L’Affaire du siècle, 2018, et Laetitia35, 2022), Première affaire est un film qui semble avoir longuement mûri tant il apparaît, dès les premiers instants, chargé de tension, d’un lourd passé. Une matière à partir de laquelle la réalisatrice – qui signe aussi le scénario – creuse droit ses tranchées, ne mâche pas ses mots, use d’un langage qui cingle comme un fouet, sans jamais s’embarrasser du superflu mais faisant confiance aux acteurs dont l’intériorité remplit superbement l’espace et les silences.

Le film est à cette image, dense, cru, parfois brutal. Il a ainsi le mérite d’imposer une atmosphère épaisse et troublante où l’ambiguïté, le devenir incertain et la fragilité des personnages intriguent, suscitant rapidement l’intérêt et la curiosité. Laquelle ne cesse d’être relancée par un va-et-vient de mensonges et de vérités, d’atermoiements et d’élans fougueux, de non-dits et de déclarations tonitruantes. Que ce soit sur le terrain intime ou dans le cadre du travail, entre les murs d’un appartement ou ceux du parloir.

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