dimanche, mai 19

Il avait participé à la naissance du Centre Pompidou, puis à celle du Musée du quai Branly à Paris, mais aussi à la renaissance des musées de Marseille : Germain Viatte est mort à Paris le 3 mai, à l’âge de 84 ans.

Né à Québec (Canada) le 3 juillet 1939, il fait des études de lettres à la Sorbonne et d’histoire de l’art à l’école du Louvre avant de débuter en 1963 à la direction des musées de France (DMF), chargé de l’inspection de musées de Province, puis d’être nommé inspecteur principal. Il se passionne alors pour l’art de son temps et accompagne la création en 1967 du Centre national d’art contemporain (CNAC), un organisme où va rapidement être élaboré le futur Centre Pompidou. Il rejoint cette entité encore embryonnaire en 1973 comme directeur de la documentation du musée, puis, en 1975, comme conservateur du Musée national d’art moderne (MNAM), que dirigeait alors Pontus Hulten.

C’est alors qu’il occupait cette fonction que survint une affaire malheureuse, qui pesa un temps sur une carrière qui s’annonçait brillante. Les collections du MNAM comportaient de sérieuses lacunes. L’abstraction en particulier était pauvrement représentée, méprisée qu’elle était par les conservateurs des générations précédentes. Aussi quand le critique Michel Seuphor proposa au MNAM l’acquisition de trois tableaux de Mondrian, dont il avait été l’ami, Viatte fut-il enthousiaste.

« Age d’or des musées de Marseille »

Las, certains de ses confrères émirent des doutes sur leur authenticité, à raison. Les œuvres étaient des faux, et la procédure d’acquisition fut stoppée juste à temps. S’ensuivit un procès, en 1984. La vendeuse, une Genevoise, fut condamnée avec sursis, Seuphor fut relaxé car jugé de bonne foi (toute sa vie, il demeura persuadé de l’authenticité des toiles), mais le scandale public fut considérable. Il fallait un fusible, et c’est Germain Viatte, puisqu’il avait mené les négociations en vue de l’achat, qui paya les pots cassés.

On l’exila, pensait-on, à Marseille, où le maire d’alors, Gaston Defferre, l’accueillit avec joie et lui confia la direction des musées de la ville, confiance renouvelée en 1986, à la mort de Defferre, par son successeur Robert Vigouroux. Germain Viatte y mena un travail considérable au point que le quotidien local La Marseillaise a pu qualifier son séjour dans la cité phocéenne, de 1985 à 1989, d’« âge d’or des musées de Marseille ».

Outre de nombreuses expositions qui firent date (« La Planète affolée » en 1986, « Peinture-Cinéma-Peinture » en 1989) ou des monographies consacrées à Giorgio Morandi, Raymond Mason (1985), l’éditeur André Dimanche (1986), Gérard Traquandi, Louis Soutter (1987), Eduardo Arroyo, Bruno Schulz (1988), Fred Deux et Edward Hopper (1989), il convient de mentionner celle conçue par son épouse, la conservatrice Françoise Viatte, des plus originales car centrée sur une seule couleur, mieux, un seul pigment, « Sublime Indigo ».

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