samedi, mai 4

L’ex-ministre de la Culture et de la Communication Frédéric Mitterrand est mort ce jeudi à 76 ans.
Homme de télévision, écrivain, documentariste… Cette personnalité inclassable a eu mille vies.
Il était atteint d’un cancer depuis plusieurs mois.

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Décès de Frédéric Mitterrand

Y a-t-il un adjectif pour le désigner ? Homme de télévision et ministre, écrivain et exploitant de salles de cinéma, avec un nom de gauche, mais un engagement politique à droite : Frédéric Mitterrand était un homme résolument « inclassable« . Ministre de la Culture et de la Communication de 2009 à 2012 sous Nicolas Sarkozy, il est décédé ce jeudi 21 mars, à l’âge de 76 ans, à Paris. Il se battait contre un cancer depuis plus d’un an.

Neveu de l’ancien président de la République François Mitterrand, cet enfant des beaux quartiers de Paris s’est d’abord fait connaître grâce à la télévision. Passionné par le cinéma, il propose à TF1 une émission sur le 7ᵉ art. C’est ainsi qu’il anime « Étoiles et toiles » sur la première chaîne, de 1981 à 1986. Dans ce programme, il ressuscite avec flamboyance les stars, surtout les actrices, et décortique les grands films. L’homme insuffle sa cinéphilie au spectateur, captivé par cette voix lancinante, au phrasé reconnaissable entre tous.

Un touche-à-tout propulsé rue de Valois

Féru de destins hors normes et adorant pouvoir les conter sur le petit écran, il multiplie les émissions. Il quitte TF1 en 1988, puis rejoint l’audiovisuel public. Là encore, il évoque – entre autres – le cinéma, lui qui avait géré pendant quinze un réseau de salles d’art et d’essai à Paris, plus tôt dans sa vie. Réalisateurs de quelques longs-métrages et de documentaires, il rédige aussi de nombreux livres. L’un d’eux défraie la chronique, La Mauvaise Vie, publié en 2005. Dans cet ouvrage, il raconte ses errances sexuelles et tarifées en Thaïlande et au Maghreb. Un livre salué par la critique, mais aussi sujet à polémique : plus tard, il sera obligé de se défendre de toute relation avec des mineurs ou d’apologie de la pédocriminalité.

Sur le plan politique, malgré son admiration pour son illustre oncle, Frédéric Mitterrand s’engage à droite et apporte son soutien à Jacques Chirac, lors de l’élection présidentielle de 1995. Apprécié de Nicolas Sarkozy, ce dernier le nomme ministre de la Culture et de la Communication en 2009. Une nomination qui ne convainc guère le monde culturel, pas forcément séduit par son profil éclectique. À ce poste, il affronte les intermittents du spectacle, fait adopter la loi Hadopi et conduit des grands chantiers, lancés pour certains avant son arrivée : la construction du Mucem à Marseille, celle de la Philharmonie à Paris… 

Après son départ de la rue de Valois en 2012, il anime une émission de radio sur France Inter pendant quelques mois, puis rentre en 2019 à l’Académie des Beaux-Arts. Début janvier, lors de l’une de ses dernières interventions médiatiques, il avait distillé sur RTL quelques conseils à la nouvelle ministre de la Culture fraîchement nommée, Rachida Dati. « Elle n’y connaît rien, mais c’est pas grave !« , avait-il notamment lancé, avec son franc-parler habituel. 


T.A. avec AFP

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