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Le cliché d’un lynx pris par un piège photographique dans le parc provincial et aire protégée de Cathedral (Colombie-Britannique, Canada), en mars 2021.

Des kangourous dans les rues désertées d’Adélaïde, en Australie ; des daims dans celles de Boissy-Saint-Léger, en banlieue parisienne ; une invasion de chèvres dans un village du Royaume-Uni ; ou encore un cougar perdu dans la capitale chilienne. Une fois le choc provoqué par l’irruption de la pandémie de Covid-19 en partie estompé, au printemps 2020, des citoyens confinés dans le monde entier se sont réjouis de voir des animaux déambuler à leur place sur les trottoirs des grandes villes. Des images réconfortantes pouvant laisser penser que cette dramatique crise sanitaire « profitait », d’une certaine façon, à la nature.

Près de quatre ans plus tard, une vaste étude scientifique raconte comment les mammifères se sont réellement comportés lors de cette période inédite, et révèle que la réaction de la faune sauvage a été bien plus complexe qu’anticipée, variant notamment en fonction du groupe trophique et du milieu. « Globalement, nous pensions qu’il y avait eu moins d’activité humaine, et donc que l’activité animale avait augmenté, mais ce n’est pas si simple que ça », résume Claude Miaud, directeur de recherche à l’Ecole pratique des hautes études et l’un des auteurs de ces travaux.

Un outil a permis d’obtenir des données standardisées et robustes, à la fois sur l’activité de la faune et sur celle des humains, pendant, avant et après le confinement : les pièges photographiques. Grâce aux images capturées par 5 600 d’entre eux, situés dans 21 pays (notamment d’Amérique du Nord et d’Europe de l’Ouest), quelque 220 chercheurs ont pu analyser le comportement de 163 espèces de mammifères. Pour les scientifiques travaillant sur les relations entre la faune et les humains, le confinement quasi-général de la planète a créé une situation expérimentale sans précédent.

Fréquentation réelle

Première surprise, ces travaux, publiés lundi 18 mars dans Nature Ecology and Evolution, montrent que l’activité humaine est loin d’avoir diminué partout entre mars 2020 et janvier 2021. Les pièges photographiques ont permis d’évaluer la fréquentation réelle de la centaine de sites étudiés. « Nous avons constaté d’énormes variations dans la façon dont les humains utilisaient les lieux, explique Cole Burton, principal auteur de l’article et titulaire d’une chaire de recherche du Canada sur la conservation des mammifères terrestres. Certaines zones ont été plus fréquentées parce que les gens ne pouvaient pas voyager ni travailler, et étaient donc plus dehors. D’autres sites, au contraire, ont été complètement fermés. »

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