lundi, mai 6
Le Sénat a adopté, le 28 février 2024, le projet gouvernemental visant à inscrire l’IVG dans la Constitution.

Habituellement, l’installation d’un écran géant sur la place du Trocadéro, à Paris, permet de visionner des compétitions sportives de haut niveau. Ce lundi 5 mars après-midi, sur le parvis des droits de l’homme, un événement d’une tout autre nature pourra être suivi en direct : le vote, par le Parlement réuni en Congrès, du projet de loi constitutionnel inscrivant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Pour la Fondation des femmes et les associations féministes organisatrices, en partenariat avec la mairie de Paris, il s’agit ainsi de célébrer un « événement festif et historique ».

Un « moment historique ». L’expression est revenue dans toutes les bouches depuis l’adoption, mercredi 28 février au Sénat, de ce projet de loi constitutionnel, ouvrant la voie à la réunion du Congrès. L’historienne Christine Bard, spécialiste de l’histoire des femmes et du genre, observe que « ce n’est pas si fréquent que ça que l’on qualifie un moment d’historique ». Soit « un moment que l’on ressent comme très important et qui a un retentissement symbolique fort. » L’entrée de l’avortement dans la Constitution mérite-t-elle ce vocable ? L’historienne en convient, ajoutant avec malice : « Je n’avais jamais vu au Sénat de tels cris de joie de femmes, rien que ça c’est historique. »

Dans le cas présent, la dimension historique « peut se mesurer à plusieurs niveaux », selon Bibia Pavard, également historienne des féminismes. « C’est l’argument mis en avant dans les débats par les parlementaires eux-mêmes, qui en ont fait une façon de soutenir cette constitutionnalisation ; plusieurs sénateurs ont d’ailleurs convoqué l’histoire dans leurs interventions, ancrant ce moment dans l’histoire longue des luttes féministes et de la lutte pour l’avortement depuis la loi Veil de 1974 [qui dépénalisa l’IVG] ».

« Une liberté fondamentale »

Une continuité revendiquée par Violaine Lucas, la présidente de l’association Choisir la cause des femmes, fondée par Gisèle Halimi, qui salue « une grande victoire, puissante, à haute portée symbolique », ainsi qu’un message important adressé aux mouvements antichoix, à l’échelle européenne.

Lors des débats parlementaires, « s’est exprimée l’idée d’un consensus autour du fait que l’avortement était une liberté fondamentale, et plus largement un soutien au droit des femmes à disposer de leurs corps, ce que Simone Veil n’aurait jamais pu dire en 1974, relève Bibia Pavard. Cette terminologie féministe qui apparaissait comme radicale dans les années 1970 est aujourd’hui prise en charge par les institutions. »

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